Diabète : il faut multiplier par sept la quantité d’insuline disponible en Afrique d’ici à 2030
Diabète : il faut multiplier par sept la quantité d’insuline disponible en Afrique d’ici à 2030
Le Monde.fr avec Reuters
Au niveau mondial, les chercheurs estiment que dans douze ans le médicament sera hors de portée pour la moitié des diabétiques de type 2.
Dans un centre de santé de Bamako. / Olivier Hébrard
Le diabète s’étend dans le monde, mais des dizaines de millions de personnes ne pourront pas recevoir de traitement si l’accès et le coût de l’insuline ne sont pas considérablement améliorés pour permettre de faire face à une demande record, selon une étude publiée mercredi 21 novembre dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology.
Le manque est particulièrement criant en Afrique. L’équipe du Dr Sanjay Basu, de l’université de Stanford, l’un des auteurs de l’étude, a estimé que l’offre devrait y être multipliée par sept d’ici douze ans. « Ces estimations suggèrent que les niveaux actuels d’accès à l’insuline sont vraiment inadéquats par rapport aux besoins projetés, en particulier en Afrique et en Asie », a déclaré le Dr Basu.
Les trois principaux fournisseurs mondiaux, les groupes pharmaceutiques Novo Nordisk, Sanofi et Eli Lilly, ont développé des programmes pour améliorer l’accès à leurs produits. Mais l’insuline reste coûteuse. Des chaînes d’approvisionnement complexes et les marges bénéficiaires élevées la rendent souvent inabordable pour de nombreux patients, spécialement dans les pays les plus pauvres.
Une hausse de la demande de plus de 20 %
Le diabète – qui peut entraîner la cécité, l’insuffisance rénale, des problèmes cardiaques, des douleurs neuropathiques et des amputations – touche 9 % des adultes dans le monde, contre 5 % en 1980. La grande majorité des personnes atteintes souffrent de diabète de type 2, lié à l’obésité et au manque d’exercice. Les cas augmentent particulièrement rapidement dans les pays en développement, dont les populations adoptent de plus en plus les modes de vie occidentaux et urbains.
Selon les chercheurs, la quantité d’insuline nécessaire pour traiter efficacement ce type de diabète augmentera de plus de 20 % au cours des douze années à venir, mais le médicament sera hors de portée pour la moitié des 79 millions de diabétiques de type 2 qui en auront besoin en 2030.
« Malgré l’engagement des Nations unies de traiter les maladies non transmissibles et de garantir un accès universel aux médicaments contre le diabète, dans une grande partie du monde l’insuline est rare et son accès est inutilement difficile pour les patients », pointe le Dr Sanjay Basu. Avec son équipe, il a calculé que la quantité d’insuline nécessaire devrait passer de 526 millions de flacons de 1 000 unités en 2018 à 634 millions d’ici à 2030.
Leur étude, financée par Helmsley Charitable Trust, s’appuie sur les projections de prévalence du diabète établies par la Fédération internationale du diabète. Dans un commentaire l’accompagnant, le Dr Hertzel Gerstein, de l’université canadienne McMaster, avertit que les prévisions doivent être traitées avec prudence car elles reposent sur des modèles mathématiques. Il souligne cependant l’importance d’estimer et de garantir les approvisionnements en insuline.