Jack Ma, fondateur d’Alibaba, milliardaire et communiste
Jack Ma, fondateur d’Alibaba, milliardaire et communiste
LE MONDE ECONOMIE
Même si l’homme le plus riche de Chine déclarait en 2007 que sa « philosophie est d’aimer le gouvernement, mais de ne jamais me marier avec lui », son appartenance au Parti communiste chinois ne faisait aucun doute.
Jack Ma, fondateur d’Alibaba, le 26 octobre 2018. / STR / AFP
Jack Ma, fondateur d’Alibaba, est donc membre du Parti communiste. C’est Le Quotidien du peuple, l’organe du Parti communiste chinois, qui révèle cette information mardi 27 novembre en publiant une liste de 100 personnalités qui ont favorisé le processus de « réforme et d’ouverture » de la Chine. Le journal ne précise ni à quel moment l’homme le plus riche de Chine – sa fortune est estimée à 31 milliards d’euros – a adhéré au PCC, ni, bien sûr, le montant de sa cotisation.
Cette révélation ne constitue qu’une demi-surprise. Jack Ma a beau avoir déclaré au forum de Davos en 2007 que sa « philosophie est d’aimer le gouvernement, mais de ne jamais me marier avec lui », sa proximité avec le parti ne faisait aucun doute. Lors de visites de dirigeants étrangers, un détour par le siège d’Alibaba est désormais presque aussi fréquent que ne l’était, naguère, une escapade à la Grande Muraille.
Quelques libertés avec la règle
Depuis 2000, le Parti communiste s’est ouvert aux capitalistes, « ce qui est une façon de les inclure, mais aussi de les contrôler », note le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’université baptiste de Hongkong. Surtout depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, président de la République et secrétaire général du parti. Désormais, les entreprises privées doivent être dotées d’une cellule du parti. Ce qui est le cas d’environ 75 % d’entre elles, y compris quand elles sont détenues par des étrangers.
Dimanche 25 novembre, l’agence de presse officielle Chine Nouvelle a d’ailleurs rappelé que ces cellules du PCC doivent « guider et superviser l’entreprise afin qu’elle respecte scrupuleusement les lois et règlements nationaux ». Mais Jack Ma prend manifestement quelques libertés avec la règle. Dimanche, le South China Morning Post, ce quotidien de Hongkong racheté par l’homme d’affaires, publiait un article iconoclaste, critiquant la présence du parti au sein des entreprises, néfaste selon lui au pays, parce que, du coup, le secteur privé risque de se comporter comme le secteur public.
Citant quelques patrons chinois qui avaient publiquement fait allégeance au parti, l’auteur concluait : « Les cellules du Parti communistes deviennent des amulettes contre les menaces politiques. » Manifestement, le South China Morning Post reste à l’abri de certaines pressions. Jusqu’à quand ? Jack Ma prend sa retraite en 2019.