Le reggae de Jamaïque inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
Le reggae de Jamaïque inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
L’organisation internationale souligne le rôle de cette musique dans de nombreux combats contre l’injustice et en faveur de l’humanité.
Bob Marley, en 1980. / VEUIGE / DALLE / APRF
La musique reggae de Jamaïque a été inscrite, jeudi 29 novembre, sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par un comité spécialisé de l’Unesco réuni à Port-Louis, capitale de l’île Maurice.
L’Unesco souligne la « contribution » de cette musique à la prise de conscience internationale « sur les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité », grâce à des artistes comme Bob Marley.
Le reggae rejoint ainsi une liste de quelque 400 traditions culturelles (chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations) allant de la pizza napolitaine au zaouli, musique et danse des communautés gouro de Côte d’Ivoire.
Parfum de Grasse
Parmi les nouveaux venus dans ce Patrimoine culturel immatériel, inscrits ces derniers jours à la liste officielle, on trouve des « éléments » aussi divers que les fêtes des Parrandas, à Cuba, une chanson populaire (« međimurska popevka ») croate, les bains médicinaux « Lum de la Sowa Rigpa », en Chine, des marionnettes traditionnelles égyptiennes, trois rites de passage masculins de la communauté masaï au Kenya…
S’agissant de la France, les « savoir-faire » liés au parfum en pays de Grasse font leur entrée au patrimoine : « Les habitants de Grasse se sont appropriés et ont contribué à perfectionner ces savoir-faire qui se transmettent de façon informelle à travers un long apprentissage qui se déroule encore principalement au sein des parfumeries locales », rapporte l’Unesco.
Réunis du 26 novembre au 1er décembre à l’île Maurice, les 24 Etats membres du Comité de sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel consacrent leurs débats à la sauvegarde de ce patrimoine vivant à travers le monde. Sa reconnaissance a pour objet d’assurer « une plus grande visibilité aux traditions et aux savoir-faire portés par les communautés sans pour autant leur reconnaître de critère d’excellence ou d’exclusivité », rappelle l’organisation.
Musique des opprimés
La candidature du reggae était portée par la Jamaïque. Ce style musical a émergé à la fin des années 1960. Issu du ska et du rocksteady, il a aussi intégré des influences du jazz et du blues d’Amérique. La musique est vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importée par les nombreux immigrés jamaïcains après la seconde guerre mondiale. Elle s’est souvent revendiquée comme la musique des opprimés, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inégalités.
Le reggae est indissociable du rastafarisme, mouvement mystique qui sacralise l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié et promeut l’usage de la marijuana.
En 1968 la chanson Do the Reggay, de Toots and the Maytals, a été la première a utiliser le nom de reggae, qui a connu un grand succès mondial grâce à des classiques de Bob Marley et son groupe, The Wailers, comme No Woman, No Cry et Stir It up.
« Le reggae est exclusivement jamaïcain, a commenté Olivia Grange, la ministre de la culture de l’île caribéenne, avant le vote. C’est une musique que nous avons créée qui a pénétré partout dans le monde. »