M6, lundi 3 décembre à 21 heures, docu-fiction

Depuis trois ans, on assiste outre-Atlantique à l’explosion des true crime, ces feuilletons consacrés à des affaires criminelles classées ou en cours. Dans le sillage de Making a Murderer, série documentaire lancée avec succès sur Netflix, la chaîne FX a diffusé American Crime Story, dont les deux premières saisons s’intéressent à l’affaire O.J. Simpson et au meurtre de Gianni Versace. Logiquement, les réalisateurs français investissent cette veine. C’est ainsi que Jean-Marie Goix et Ionut Teianu se sont penchés sur l’itinéraire d’un suspect, Xavier Dupont de Ligonnès, dont la femme et les quatre enfants avaient été retrouvés assassinés dans leur maison de Nantes, le 21 avril 2011. Tous les soupçons se portent sur ce père de famille, qui reste à ce jour introuvable.

Lire le récit sur la tuerie de Nantes : Sur les traces de Xavier Dupont de Ligonnès

Les intrigues haletantes autour d’un meurtre non élucidé ne manquent pas. Encore faut-il ne pas tout déballer d’entrée de jeu, à l’instar de ce docu-fiction qui dévoile dès son générique de début que Xavier Dupont de Ligonnès a tué les cinq membres de sa famille au fusil de chasse et que la police les a retrouvés enterrés avec des objets religieux sous la terrasse de leur maison.

Rongé par le remords

Un carton annonce alors l’intrigue : « L’histoire comme si vous étiez dans la tête du suspect. » Tout le film va consister à élucider le mobile du crime, et donc à répondre à la question : pourquoi Xavier Dupont de Ligonnès a-t-il tué sa femme et ses quatre enfants ?

Les émotions qui lui sont prêtées ici ne parviennent pas à nous faire accéder à l’univers mental d’un tueur

Pour se mettre dans la tête du suspect, les auteurs privilégient le monologue : les explications fournies face caméra par l’acteur Erico Salamone donnent à voir un père de famille criblé de dettes, trompé par sa femme, qui, une fois le meurtre commis, est rongé par le remords. Cependant, les émotions qui lui sont prêtées ici ne parviennent pas à nous faire accéder à l’univers mental d’un tueur. Les passages imaginés où il fond en larmes répondent trop facilement à l’indignation que ressentent les rares témoins interrogés.

Si les témoignages de ses deux amis lèvent un peu le voile sur la personnalité de cet homme en situation d’échec, ceux de sa voisine et de l’ancien commandant de police chargé de l’affaire n’ont pas grand intérêt. Comme les scènes de fiction, la partie documentaire ne tient pas ses promesses.

Xavier Dupont de Ligonnès : dans la tête du suspect, d’Ionut Teianu (Fr., 2018, 110 min). www.m6.fr