On a testé… La minuscule caméra stabilisée de DJI, l’Osmo Pocket
On a testé… La minuscule caméra stabilisée de DJI, l’Osmo Pocket
Par Nicolas Six
Ce minuscule caméscope des temps modernes, sorti fin novembre, prétend filmer des images plus léchées que celles d’un smartphone ou d’une GoPro. La promesse est-elle tenue ? A 350 euros, est-ce un choix intelligent ?
Comme d’autres stars des années 1980, le caméscope a quasiment disparu de la circulation, mis à la retraite par les smartphones et les caméras d’action. Mais le spécialiste chinois de la vidéo, DJI, ne s’y résout pas. Et tente de faire renaître cette icône du passé sous la forme d’une petite caméra qui filme des images extrêmement stables, grâce à une machinerie sophistiquée à trois petits bras motorisés.
Le premier produit de ce type, l’Osmo, commercialisé en 2015, s’est avéré trop encombrant pour séduire le grand public, et trop coûteux (750 euros). La deuxième tentative de DJI, l’Osmo Pocket, lancée fin novembre, mesure la taille d’une barre de chocolat et coûte 350 euros, ce qui la rend bien plus attirante. Réalise-t-elle de meilleures vidéos qu’un smartphone ou qu’une GoPro, qui représentent désormais une concurrence féroce ?
Une stabilisation supérieure
Concernant la stabilité, l’Osmo Pocket réussit son pari et filme des images encore bien plus stables, comme on peut le constater dans cette vidéo de comparaison :
La stabilisation du DJI Osmo Pocket comparée à ses concurrents
Durée : 02:13
L’écart n’est pas toujours spectaculaire, il est même parfois difficile à déceler, lorsqu’on filme avec beaucoup de délicatesse et sans bouger les jambes. Mais dès qu’on se met à marcher en filmant, l’Osmo Pocket filme droit devant elle quand ses concurrents tanguent sur tous les axes.
La stabilisation de l’Osmo Pocket est plus efficace lorsqu’on filme sans délicatesse, en marchant à pas lourds, ou en dévalant un escalier. Et c’est quand on fait exactement l’inverse que l’Osmo brille le plus, lorsqu’on compose un plan soigné. Les mouvements de caméra sophistiqués rendent assez mal si on les filme au smartphone ou à la GoPro, mais ils sont beaucoup plus convaincants avec l’Osmo Pocket.
On parvient à imiter certains plans nécessitant un matériel de plateau de cinéma, sans hélas réussir à les copier impeccablement, car bien souvent, l’image bouge encore un peu. Mais qu’importe : la quête est amusante et le résultat flatteur.
Nul besoin d’être passionné d’images pour apprécier l’Osmo Pocket. Il améliore sensiblement les vidéos de vacances, d’anniversaire, de soirée, etc. Mais les plans stabilisés de l’Osmo frapperont surtout les utilisateurs qui filment beaucoup et montent leurs meilleures vidéos, beaucoup moins ceux qui capturent occasionnellement des séquences « souvenir » de quelques secondes.
Une bonne qualité d’image
Si on met de côté leur stabilité, les images de l’Osmo sont agréables. Leurs couleurs sont plutôt justes et leur finesse est bonne. Leur principal défaut est d’être parfois un peu sombres, mais on les éclairera sans problème au montage, car leur compression n’est pas trop brutale.
L’Osmo filme des images plus fines que celles de la GoPro Hero 7 Black, dont les vidéos manquent de netteté lorsqu’on filme en mode linéaire, afin d’éviter un cadrage trop large. Ses images sont aussi plus douces et plus rêveuses que la caméra d’action, qui rappelle plutôt l’esthétique d’une chaîne d’information.
La qualité d’image de la caméra de DJI n’a rien non plus à envier aux meilleurs smartphones Android, mais elle est moins bonne que celle des iPhone de dernière génération, qui prennent des vidéos plus claires aux couleurs plus gaies… mais nettement moins stables.
La mini-caméra de DJI est-elle forcément en concurrence avec nos smartphones ? Pas nécessairement, car à leur différence, elle passe très volontiers de mains en mains. Et sa batterie, qui lui permet de filmer une trentaine de minutes, épargnera d’autant celle de votre smartphone.
Une habitude à prendre
On peut utiliser l’Osmo Pocket de deux façons : toute seule ou en tandem avec un smartphone. C’est quand on l’utilise seule qu’elle est la plus agréable, on la sort de la poche en deux secondes, et elle tient particulièrement bien en main. Sa taille est tellement discrète qu’elle ne s’interpose pas avec la personne qu’on filme.
Mais son minuscule écran empêche de bien composer les images, d’autant que son format carré masque les bords des vidéos 16/9e. En outre, l’Osmo est loin d’obéir au doigt et à l’œil : sa caméra stabilisée vit sa vie. Quand on la tourne, la caméra suit le mouvement, mais en retard. Quand on la penche, la caméra ne descend pas toujours aussi bas qu’on le voudrait. Il faut quelques heures pour réapprendre à filmer.
L’Osmo Pocket est fourni avec deux minuscules adaptateurs qui servent à brancher les smartphones Apple (connecteur lightning) et les smartphones Android récents (USB-C). / NICOLAS SIX / LE MONDE
Tout s’arrange lorsqu’on raccorde l’Osmo Pocket à un smartphone. Le flux vidéo, affiché en grand et en 16/9e, permet de mieux cadrer l’image. Et un petit joystick apparaît à l’écran, qui permet de corriger facilement l’orientation de la caméra. En contrepartie, l’Osmo devient beaucoup moins discrète et agréable en main. Mais DJI a bien fait les choses : lorsqu’on connecte la caméra au smartphone, l’application DJI s’ouvre en trois secondes. Et la caméra est étonnamment bien accrochée au téléphone.
Doué pour les réseaux sociaux, guère pour le sport
L’Osmo donne une touche plus professionnelle aux vidéos, ce qui plaira aux utilisateurs actifs de Snapchat, Instagram, Facebook et consorts. On peut passer la caméra en mode selfie en deux clics, et demander à l’Osmo de suivre notre visage, qui ne sort alors jamais du cadre. On peut même incliner la caméra en mode vertical pour filmer sans effort des images destinées aux écrans de smartphone.
Côté son, tant que l’on reste en intérieur, la qualité est excellente. A un mètre de la personne qui parle, on n’entend aucun souffle, la voix est claire, ses basses sont bien présentes. La qualité audio se dégrade lorsqu’on s’éloigne du sujet, puis baisse encore dans les environnements bruyants, et devient passable en extérieur quand le vent souffle. Un adaptateur optionnel permet toutefois de brancher un micro minijack.
A noter, l’Osmo Pocket n’est pas douée pour le sport. Avec son objectif équivalent 26 mm, elle filme des plans beaucoup plus étroits qu’une GoPro : il est difficile de suivre l’action ou le sportif. Les images se floutent légèrement quand on brusque la caméra. Ni étanche ni antichoc, le moindre petit incident pourrait lui être fatal. Heureusement, l’Osmo Pocket est fournie avec un petit étui qui permet de la transporter dans la poche sans danger.
En conclusion
Au quotidien, ce mini-caméscope se montre discret et pratique. Il filme des images agréables, et nettement plus stables que les meilleurs smartphones ou la dernière GoPro. Son tarif relativement raisonnable en fait un produit intéressant à plus d’un titre.
L’Osmo permettra de conserver des souvenirs plus léchés des moments qui comptent. Les passionnés d’image pourront risquer des plans inspirés des longs-métrages qu’ils apprécient. Les membres actifs des réseaux sociaux filmeront des images plus abouties avec moins d’efforts. Tous devront cependant prévoir un petit temps d’adaptation pour dompter la bête.
L’Osmo Pocket est plutôt pour vous si…
- La vidéo tient une place importante dans votre vie
- Vous voulez pouvoir filmer sans vous couper du moment
- Vous partagez vos gadgets avec vos proches
L’Osmo Pocket n’est plutôt pas pour vous si…
- Vous êtes allergique au montage vidéo
- Vous voulez filmer vos exploits sportifs
- Vous n’aimez ni le cinéma, ni les réseaux sociaux, ni les voyages