Le timbre sur la Déclaration universelle des droits de l’homme créé par Michel Granger et mis en page par Vicente Granger, en vente générale le 11 décembre. / DR/La Poste

Les illustrations des six pochettes de disques de Jean-Michel Jarre conçues entre 1976 et 1997, dont les plus célèbres, celles d’Oxygène, en 1976, et d’Equinoxe (remise au goût du jour par la sortie, le 16 novembre, d’Equinoxe Infinity), en 1978, diffusée à des millions d’exemplaires ? Une collaboration au journal télévisé de TF1 dans les années 1980 ? Des livres parus au Cherche-Midi, chez Glénat, chez Delpire ? De nombreuses affiches, pour le festival de Cannes, pour le Mois de la photo, pour le festival Regards croisés, etc. ?

Michel Granger, peintre né à Roanne en 1946, c’est tout cela…

Mais ce sont aussi des timbres-poste, dont le prochain sera émis par la France et mis en vente générale le 11 décembre pour le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme rédigée à l’initiative des Nations unies, dont les trente articles furent présentés le 10 décembre 1948, à Paris, au palais de Chaillot.

Le timbre à date grand format illustré « premier jour » dessiné par Michel Granger et mis en page par Vicente Granger.

Ce timbre, d’une valeur de 0,88 euro – le premier timbre au prochain tarif « lettre verte » en vigueur à partir du 1er janvier 2019 –, créé par Michel Granger, mis en page par son fils Vicente Granger (également auteur de la mise en page de l’oblitération « premier jour »), est imprimé en héliogravure et tiré à 700 000 exemplaires. Un petit tirage pour un timbre destiné à un large usage.

Michel Granger explique qu’il a d’abord proposé à La Poste une série de projets avec des drapeaux.

L’artiste est alors confronté à une série de difficultés, parmi lesquelles la lisibilité de l’ensemble.

Projet non retenu de timbre pour la France (70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme). / DR/Michel Granger

Il part sur une autre idée, celle finalement adoptée pour le timbre : cinq personnages pour autant de continents, dans des couleurs qui reprennent les couleurs utilisées pour les continents.

Ce timbre enrichit une thématique abondamment pourvue de vignettes parues au fil des ans en France, aux Nations unies (qui ont le pouvoir d’émettre des timbres) et dans le monde entier, à laquelle ont participé des peintres comme Hundertwasser, Folon, Decaris…

La poste des Nations unies a sollicité à plusieurs reprises Hundertwasser pour ses timbres. / DR/APNU

L’histoire qui lie Michel Granger, la philatélie et les droits de l’homme ne date pas d’hier.

A la fin des années 1980, le peintre a travaillé sur un projet de timbre pour les Nations unies – qui n’a pas abouti – illustrant l’article 4 des droits de l’homme (« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes »).

Projets préparatoire réalisés dans les années 1980 pour les Nations unies, signé Michel Granger. / DR/Michel Granger

Puis, l’Administration postale des Nations unies (APNU) édite les premiers timbres de l’artiste roannais en 1991, trois timbres sur le thème de l’interdiction des armes chimiques.

En 2004, l’APNU lui passe commande d’une série de six timbres sur le thème de la sécurité routière (« Respect de la signalisation routière », « Courtoisie au volant », « Attention piétons ! », « Ceinture de sécurité », « Boire ou conduire », « Vitesse = danger »), dans le cadre de la Journée mondiale de la santé, célébrée traditionnellement le 7 avril de chaque année.

La France et l’Italie s’associent à cette émission en reprenant, chacune à leur compte, le timbre sur la ceinture de sécurité.

« Books not Guns », timbre des Nations unies de 2004. / DR/APNU

En septembre de la même année paraît un nouveau timbre, toujours pour les Nations unies, dans le cadre de l’Assemblée générale de l’Organisation. Intitulé « Books, not Guns » (« Des livres, pas des fusils »), qui traite du thème de l’enfance et oppose les livres aux armes.

En 2005, La Poste française édite un timbre à 0,53 euro à l’occasion du trentième anniversaire de la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées du 30 juin 1975, votée à l’initiative de Simone Veil, ministre de la santé de l’époque.

Timbre sur le 30e anniversaire de la loi pour les personnes handicapées paru en 2005. / DR/La Poste

Ce timbre inspiré échappe au stéréotype du fauteuil roulant, présent sur les vignettes émises par exemple sur les Jeux mondiaux des handicapés physiques à Saint-Etienne en 1970, pour l’Année internationale des personnes handicapées (Pleine participation et égalité, 1981) ou l’Accessibilité aux handicapés (1988). « La main est juste là pour aider le personnage constitué d’étoiles, explique Michel Granger. La main peut disparaître, il n’en continuera pas moins de vivre. En même temps, ce personnage se dégage de son handicap ».

En 2008, c’est au tour du territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) de faire appel à ses services, pour un timbre à 4,54 euros.

Retour à la France, en 2013, avec un timbre dans un carnet « collectif » de douze timbres sur le thème de l’air, qui reproduit une œuvre du peintre intitulée Envol.

A noter, enfin, qu’un bloc-feuillet, émis en 1982 par l’URSS, reprend son logo créé pour la mission franco-soviétique CNES-Intercosmos Soyouz/Saliout 7 avec Jean-Loup Chrétien, premier Français dans l’espace : une constellation en forme de personnage.

Le timbre sera vendu en avant-première le lundi 10 décembre, de 10 heures à 17 heures, à Paris, au Carré d’Encre, 13bis, rue des Mathurins (IXe arrondissement). Michel et Vicente Granger y seront présents pour une séance de dédicace de 10 heures 30 à 12 heures 30. Le timbre sera ensuite diffusé à partir du 11 décembre dans certains bureaux de poste, au Musée de La Poste (21, avenue du Maine, 75015 Paris), par correspondance (Phil@poste Service Clients, avenue Benoît-Frachon, BP 10106 Boulazac, 24051 Périgueux Cedex. Tél. : 05-53-03-17-44 et sur le site Internet de La Poste.