LCP - SAMEDI 8 Décembre - 21 H 00. DOCUMENTAIRE

Ham, dans la Somme, 4 500 habitants et des façades, nombreuses, sur lesquelles on lit : « A vendre » ; « A louer ». Nous sommes dans la France qui roule à 70 km/h, comme l’indique le panneau, et qui, depuis peu, a revêtu les « gilets jaunes ». Car il n’est pas difficile de comprendre, d’emblée, qu’ici, la vie n’est pas toujours facile. Alors quand, en 2017, circule le bruit qu’un styliste songe à s’y installer, on croit à une mauvaise blague : l’homme n’est-il pas fou de venir s’enterrer ici ? Et c’est cela, au fond, que raconte le beau documentaire de Maurice Ferlet. L’histoire de ces hommes et de ces femmes qui ont repris un peu espoir le jour où l’annonce « Urgent, cherchons petites mains » est parue dans Le Courrier Picard.

C’est ce qu’exprime, très simplement et sans détour, cette femme d’une soixantaine d’années qui, après avoir obéi à son mari qui lui avait demandé de rester à la maison pour s’occuper des enfants, est aujourd’hui femme de ménage pour mettre du beurre dans les épinards. Elle affirme être « prête à tout quitter pour vous ». Vous ? C’est Jean-Luc François.

Les rires fusent dans l’atelier

Après avoir travaillé pour Yves Saint Laurent, Dior, Balmain ou Chloé, imaginé les vitrines de Vuitton et Lanvin, ce dernier a décidé de créer sa propre marque et d’ouvrir, d’abord à Pantin puis à Ham, un atelier qui allie lieu de formation et de production.

Ce sont ces « petites mains » que Maurice Ferlet écoute, sans juger.

C’est que l’administrateur du Syndicat de Paris de la mode féminine est bien décidé à surfer sur la vague du Made in France. A faire retravailler ces « petites mains », lesquelles, on le voit ici, piquent et repiquent, font et défont. Et ce sont elles et eux qui sont filmés ici, souvent en plans fixes, simples et efficaces, parfois en gros plan – des mains donc, et des visages. Ce sont elles et eux que Maurice Ferlet écoute, sans juger. Ici, aucune voix off, aucun commentaire, juste des images et des témoignages.

Sur le site du réalisateur est écrit : « Le territoire que je veux montrer est celui où les tensions s’apaisent, où les handicaps se surmontent, où la vie triomphe toujours. » C’est en grande partie vrai à entendre les rires fuser dans l’atelier. En partie seulement, les chiffres parlant d’eux-mêmes : seules cinq femmes restent à ce jour employées à l’atelier sur les 200 curriculum vitae originellement envoyés.

Tissu local, de Maurice Ferlet (Fr, 2018, 60 min) www.publicsenat.fr