Après un acte IV des « gilets jaunes » en léger recul, l’attente d’annonces de Macron
Après un acte IV des « gilets jaunes » en léger recul, l’attente d’annonces de Macron
Le Monde.fr avec AFP
Quelque 125 000 manifestants ont de nouveau battu le pavé, samedi. Des scènes de violences ont été observées, mais en proportion moindre qu’il y a une semaine.
A Paris, des « gilets jaunes » expriment leurs revendications lors de la quatrième manifestation du mouvement, le 8 décembre. / LAURENCE GEAI POUR " LE MONDE"
Quelque 125 000 manifestants encore ce samedi 8 décembre, et des scènes de violences, mais en proportion moindre qu’il y a une semaine : après une quatrième journée de mobilisation – en léger recul – des « gilets jaunes », Emmanuel Macron va annoncer de nouvelles mesures en réponse à cette crise mettant son quinquennat à l’épreuve.
Selon le premier ministre Edouard Philippe, « le temps du dialogue est là » et « il faut désormais retisser l’unité nationale », mise à mal par cette fronde populaire inédite. Le président de la République « s’exprimera » – peut-être lundi – et « il lui appartiendra de proposer les mesures » pour permettre « à l’ensemble de la nation de se retrouver et d’être à la hauteur des enjeux », a annoncé le chef du gouvernement au terme d’une visite au ministère de l’intérieur en fin de journée.
Tirs de gaz lacrymogènes aux abords des Champs-Elysées, vitrines brisées sous les lumières de Noël et des voitures brûlées à Paris, mais aussi heurts et dégradations en région à Bordeaux, Toulouse, Marseille et encore Nantes, et toujours des blocages sur les routes : les images de samedi ont une nouvelle fois marqué les esprits.
A Bordeaux, la manifestation des « gilets jaunes » a été le théâtre de débordements, le 8 décembre. / UGO AMEZ POUR "LE MONDE"
1 385 personnes interpellées, 975 gardes à vue
Mais elles sont sans commune mesure avec les scènes de guérilla urbaine à l’Arc de Triomphe et dans plusieurs quartiers huppés de la capitale qui avaient été observées une semaine plus tôt et avaient stupéfié dans le monde entier.
La maire de Paris Anne Hidalgo (Parti socialiste, PS) a cependant déploré lors de cet « acte IV » « des scènes de chaos » et des « dégâts incommensurables » pour l’économie et l’image de la ville. « De nombreux Français, notamment des commerçants, ont connu un nouveau samedi noir », a déclaré de son côté le chef de file des Républicains (LR) Laurent Wauquiez.
Il y a eu sur l’ensemble du territoire 11 000 manifestants de moins que le 1er décembre. Un dispositif « exceptionnel » de sécurité avait été prévu, avec 89 000 membres des forces de l’ordre déployés sur l’ensemble du territoire, dont 8 000 à Paris où ils étaient appuyés par quatorze véhicules blindés à roue, déployés pour la première fois de leur histoire dans la capitale. La Tour Eiffel, le Louvre et de nombreux commerces sont restés fermés.
Les contrôles avaient été multipliés en amont des rassemblements, et 1 385 personnes avaient été interpellées au total en fin de journée ; 975 gardes à vue ont été enregistrées. En outre, selon un bilan national provisoire de la direction générale de la santé, « 179 personnes blessées ont été prises en charge sur tout le territoire par les équipes médicales des hôpitaux ».
À toutes les forces de l’ordre mobilisées aujourd’hui, merci pour le courage et l’exceptionnel professionnalisme dont vous avez fait preuve.
— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)
« A toutes les forces de l’ordre mobilisées aujourd’hui, merci pour le courage et l’exceptionnel professionnalisme dont vous avez fait preuve », a tweeté, en fin de soirée, le président de la République, Emmanuel Macron. Dans la soirée, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner s’est, lui, félicité qu’« un point d’arrêt [ait] été mis à l’escalade de la violence » et que la « dynamique des casseurs » ait été « brisée ».
Dans le 17e arrondissement de Paris, des blindés avancent avec des groupes de CRS tirant du gaz lacrymogène sur les « gilets jaunes ». / LAURENCE GEAI POUR LE MONDE
Motion de censure contre le gouvernement
Un millier de « gilets jaunes » belges ont également défilé à Bruxelles, où 400 personnes ont été arrêtées et un policier a été blessé.
En parallèle et très majoritairement dans le calme, des milliers de personnes ont participé à des marches pour le climat dans plusieurs villes, dont une partie portant des gilets jaunes, avec des slogans appelant à lutter dans un même élan contre « l’urgence climatique » et l’urgence sociale.
Cible récurrente des manifestants, à coup de « Macron démission », le chef de l’Etat, qui n’a pas pris la parole publiquement depuis le 1er décembre, est resté pour cette nouvelle journée de mobilisation dans le palais présidentiel, entouré d’un imposant dispositif de protection. Il a laissé jusqu’alors Edouard Philippe monter au front, devant le Parlement et les médias.
Le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a, lui, de nouveau évoqué samedi « la dissolution » de l’Assemblée nationale, qui « s’approche comme une issue paisible, raisonnable et tranquille » à la crise. « Les trois quarts des revendications des “gilets jaunes” sont dans notre programme », a-t-il aussi assuré, alors que le mouvement est rétif à toute classification sur l’échiquier politique.
Députés LFI, communistes et socialistes doivent déposer, lundi, une motion de censure contre le gouvernement, qui devrait être débattue mercredi ou jeudi ; elle n’a toutefois aucune chance d’être adoptée.
Jean Luc Melenchon avec une manifestante des « gilets jaunes » en marge de la marche pour le climat, à Bordeaux, le 8 décembre. / UGO AMEZ POUR "LE MONDE"
Concertation
Depuis la Belgique, la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, qui souhaite aussi une dissolution du Palais-Bourbon, a demandé à Emmanuel Macron des « réponses fortes » à la « souffrance » des « gilets jaunes ».
Trois mois et demi de concertation doivent démarrer samedi prochain dans toute la France, avec syndicats, élus locaux et représentants du mouvement. Le gouvernement s’y est engagé afin de dégager des « mesures d’accompagnement justes et efficaces ».