Martin Fourcade, lors du sprint de Pokljuka, le 7 décembre 2018. / Darko Bandic / AP

Tout semblait avoir bien commencé et puis tout s’est effondré. Vainqueur de l’individuel, jeudi, Martin Fourcade a enchaîné avec une inhabituelle 24e place lors du sprint, samedi, avant d’abandonner, dimanche 9 décembre, lors de la poursuite.

Résultat, le quintuple champion olympique laisse son grand rival, le Norvégien Johannes Boe prendre largement la tête du classement de la Coupe du monde à l’issue de la première étape à Pokljuka en Slovénie. Plus inquiétant surtout, le Français semble ne pas vraiment savoir ce qui s’est passé.

De nombreux observateurs et Fourcade lui-même avaient noté que si sa performance au tir avait été parfaite (20/20), celle sur les skis avait été un peu moins bonne lors de sa victoire en individuel, jeudi : un treizième temps qu’il expliquait par « un mauvais choix de partir derrière, ce n’était vraiment pas une bonne option. La piste s’est beaucoup transformée entre mon premier et mon dernier tour, il y a eu une différence énorme. La neige était plus collante ». Aujourd’hui, il reconnaît que malgré la victoire certains signes étaient déjà là : « Tout n’a pas fonctionné comme il faudrait. »

« Je n’arrive pas à aller à une vitesse convenable »

Vendredi, à l’issue d’une grosse contre-performance lors du sprint, le Français évoquait « une grosse claque », en avouant ne pas trop savoir ce qui venait de se passer. 48 heures plus tard, Martin Fourcade n’a pas beaucoup plus de réponses. Le Catalan a d’ailleurs préféré abandonner lors de la poursuite après le quatrième tir, alors qu’il était visiblement dans un jour sans (16/20 seulement au tir) et trop loin pour espérer réaliser une remontée fantastique.

« Je ne comprends pas trop ce qui se passe dans mon corps. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas mes sensations. Ce n’est pas un problème de méforme sur une saison. On a pas mal de repères avec une équipe de France qui est forte. Mais depuis l’individuel, je ne comprends pas mes sensations sur la piste. Elles ne correspondent pas aux standards que je peux avoir. Je n’arrive pas à aller à une vitesse convenable et je ne comprends pas trop pourquoi. Est-ce que c’est un virus ou une méforme passagère ? On ne pense pas que c’est un problème d’entraînement. Après, il n’y a pas vraiment d’inquiétudes. C’est plus de l’incompréhension. Je suis intimement persuadé que ça va passer. Et j’espère que ça passera cette semaine et pas dans un mois. »

« Cela serait tellement plus facile s’il avait une bonne crève »

Certes, Martin Fourcade a prouvé à de nombreuses reprises qu’il n’y avait pas forcément besoin de s’inquiéter pour lui, et jusqu’à cette semaine, ses performances (individuelles et collectives) en ce début de saison étaient dignes de son statut. Et comme il le dit lui-même, même lors d’une semaine sans, il a quand même réussi à remporter une victoire lors d’une épreuve de Coupe du monde.

Reste ce gros point d’interrogation : personne ne semble vraiment savoir ce qui ne va pas. « C’est vrai qu’on ne comprend pas trop ce qui se passe… Il n’est pas enrhumé. Cela serait tellement plus facile s’il avait une bonne crève, au moins on pourrait cibler le problème », explique son nouvel entraîneur Vincent Vittoz, qui a remplacé Stéphane Bouthiaux, devenu directeur technique des équipes de ski de fond et de biathlon.

Le Français a cinq jours pour trouver une explication à ce qui s’est passé, avant la prochaine épreuve. D’ici-là, il compte se reposer et s’appuyer sur ses repères. Rarement le sprint d’Hochfilzen aura été aussi attendu.

Fillon-Maillet 2e de la poursuite, Braisaz 3e du sprint

Pendant que Martin Fourcade connaissait des hauts et des bas, les autres biathlètes français ont fait parler d’eux. Antonin Guigonnat a pris une bonne huitième place en individuel avant d’aller chercher la deuxième place lors du sprint, samedi, et de laisser filer une potentielle victoire après deux échecs lors du dernier tir pendant la poursuite dimanche (8e).

C’est Quentin Fillon-Maillet qui s’est illustré lors de cette épreuve, où il n’a été battu que d’un fil par Johannes Boe, grâce à un sans-faute au tir. Au général, Antonin Guigonnat est troisième et Quentin Fillon-Maillet, cinquième. Simon Desthieux est septième. Martin Fourcade, lui, a déjà glissé à la onzième place et compte 79 points de retard sur Johannes Boe, leader du classement général.

Chez les filles, Justine Braisaz a pris la troisième place du sprint, juste devant sa compatriote Julia Simon. Les deux Françaises ont fini aux 12e et 14e places le lendemain, la faute à trop d’erreurs au tir (17/20 pour chacune). Au général, elles ne sont séparées que par un petit point : Julia Simon est dixième, Justine Braisaz douzième.