Malgré la pression de Nissan, Renault soutient toujours Carlos Ghosn
Malgré la pression de Nissan, Renault soutient toujours Carlos Ghosn
Par Philippe Jacqué
Le conseil d’administration du constructeur automobile français a jugé ne pas avoir « d’informations » sur la défense de son PDG, mis en examen et incarcéré au Japon.
Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, le 25 avril 2016 à Pékin. / Ng Han Guan / AP
Surtout, on ne bouge pas et on soutient encore et toujours Carlos Ghosn. Jeudi 13 décembre, le conseil d’administration de Renault s’est réuni pour étudier la situation de 2018 et évaluer le budget 2019. Il devait également aborder une question bien plus épineuse : le sort de son PDG, aujourd’hui mis en examen au Japon et incarcéré pour une infraction à la loi boursière japonaise.
Le conseil n’entend pas lâcher son PDG. En tout cas, pas tout de suite. Les administrateurs ont obtenu un premier compte rendu, par le biais des avocats de Renault, des faits reprochés à M. Ghosn par Nissan au Japon. « Le Conseil d’administration a demandé aux avocats de Renault de poursuivre leur revue et analyse des informations fournies, en lien avec les avocats de Nissan et de leur faire rapidement un nouveau point sur la situation », indique Renault dans un communiqué.
De même, les administrateurs ont indiqué « qu’à ce stade, ils ne disposent pas d’informations portant sur les éléments de défense de Carlos Ghosn ». La procédure judiciaire engagée au Japon, ainsi que l’enquête interne chez Nissan, n’a pas été réalisée, jusqu’à présent, de manière contradictoire.
Enfin, le constructeur, qui avait chargé Claude Baland, conseiller senior éthique et conformité de Renault, et Eric Le Grand, directeur éthique et conformité du groupe, a pris connaissance de « l’état d’avancement de la mission de vérification des éléments de rémunération du PDG de Renault pour la période 2015-2018 dont ils ont été saisis le 23 novembre 2018. Ils ont conclu, de manière préliminaire, à la conformité des éléments de rémunération du PDG de Renault et des conditions de leur approbation au regard des dispositions légales et des recommandations de l’AFEP-MEDEF ».
Suspicion sur Nissan
« Quand Nissan a pris six mois d’enquête pour identifier des irrégularités de M. Ghosn, les enquêtes chez Renault ne font que commencer », remarque-t-on au siège à Boulogne-Billancourt. Après ces premières informations, le conseil d’administration du Losange a décidé de maintenir ses décisions prises le 20 novembre. Thierry Bolloré est maintenu directeur général délégué, tandis que Carlos Ghosn, actuellement empêché, est maintenu PDG du groupe.
Cette décision n’est pas surprenante. En revanche, elle intervient alors qu’au Japon, les rumeurs enflent autour de Nissan. Selon Bloomberg, le groupe détenu à 43,4 % par Renault chercherait rapidement à rapatrier, de manière exceptionnelle, un milliard de dollars afin de renforcer sa trésorerie en cas d’éventuelle bataille boursière à venir. Le groupe japonais, qui détient 15 % de Renault, sans pour autant détenir de droits de vote, a démenti le caractère exceptionnel de ce rapatriement.
La suspicion est actuellement très forte que Nissan tente une manœuvre pour forcer Renault à négocier un rééquilibrage industriel et capitalistique de leur partenariat. Selon de nombreux experts japonais, le constructeur nippon vivrait très mal d’être considéré comme une filiale du groupe français, alors que son chiffre d’affaires et ses résultats commerciaux sont bien plus importants que Renault.