La dette de la France devrait frôler les 100 % du PIB en 2019
La dette de la France devrait frôler les 100 % du PIB en 2019
Par Audrey Tonnelier
Le déficit public a été rehaussé de 2,8 % à 3,2 % du PIB l’an prochain, tenant compte des annonces d’Emmanuel Macron sur le pouvoir d’achat.
La crise des « gilets jaunes » n’a pas fini de faire tanguer les finances publiques de la France. Le déficit public devrait s’établir à 3,2 % du produit intérieur brut (PIB) l’an prochain, a confirmé un amendement du gouvernement au projet de loi de finances (PLF) pour 2019, examiné depuis lundi 17 décembre en seconde lecture à l’Assemblée nationale. C’est davantage que les 2,8 % attendus auparavant, ce nouveau calcul tenant compte des mesures à 10 milliards d’euros annoncées le 10 décembre par Emmanuel Macron. Le déficit pour 2018 a également été rehaussé à 2,7 % (+ 0,1 point) en raison de « prévisions de recettes fiscales ajustées à la baisse » pour la TVA et l’impôt sur les sociétés.
Autant de décisions qui plombent la trajectoire des finances publiques. « Le solde budgétaire en 2019 va largement franchir les 100 milliards de déficit pour l’Etat et sûrement les 100 % de dette publique », a mis en garde Eric Woerth, le président LR de la commission des finances de l’Assemblée. Ce seuil n’est qu’une marche de plus dans l’alourdissement de la dette tricolore qui devrait atteindre 98,7 % du PIB en 2018. Mais il est surveillé de très près à l’Elysée comme à Bercy. « On devrait être aux alentours de 99 % du PIB l’an prochain », veut croire une source à Bercy.
De multiples inconnues demeurent. Côté pile, un repli de la croissance pourrait encore gonfler ce ratio. Côté face, « le plan de 10 milliards d’euros est censé booster le pouvoir d’achat, il pourrait donc rehausser la croissance », espère un pilier de la majorité. Quant aux intérêts de la dette française, dans une Europe en proie à de multiples crises, ils pourraient rester contenus si la France fait figure de valeur refuge. Ou au contraire grimper en cas de secousse trop importante…
Budget « insincère »
Les échanges de lundi dans l’hémicycle ont été l’occasion pour les oppositions de s’insurger contre le manque de données disponibles. Le PLF pour 2019 devait être examiné jusqu’à mardi, alors que le projet de loi « portant mesures d’urgence économiques et sociales » ne sera présenté que mercredi en conseil des ministres, et discuté à partir de jeudi en séance et vendredi au Sénat. Autrement dit, le gouvernement fait voter une prévision de déficit avant que soient discutées les mesures qui permettent de l’atteindre.
Valérie Rabault, la présidente du groupe PS de l’Assemblée, a dénoncé un budget « insincère », reprenant un mot utilisé par l’actuel exécutif à l’été 2017 lorsqu’il se vantait de présenter des comptes plus fiables que ceux du quinquennat de François Hollande.
Ces attaques ont contraint le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, à détailler le séquençage prévu. La suppression de la taxe carbone et le gonflement de la prime d’activité seront inscrits dans le PLF. Mais pas la prime de fin d’année ni la défiscalisation des heures supplémentaires et l’annulation de la hausse de CSG pour les retraités, qui font l’objet du projet de loi de mercredi.
Quant au 1 milliard à 1,5 milliard d’économies prévues pour boucler le budget et au report de la baisse de l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises, « cela peut attendre un prochain texte budgétaire, courant 2019 », assure-t-on à Bercy. La nouvelle trajectoire des finances publiques pour la suite du quinquennat, elle, « peut attendre le printemps et le programme de stabilité. On ne peut pas tout faire, là ».