La cour d’appel de Toulouse a infirmé, jeudi 20 décembre, la fermeture d’une école musulmane hors contrat de la ville et relaxé son directeur, qui avait été condamné en première instance pour « enseignement non conforme ».

En décembre 2016, le tribunal de grande instance (TGI) de Toulouse avait ordonné la fermeture du groupe scolaire Al-Badr, établissement hors contrat de confession musulmane du quartier défavorisé de Bellefontaine, au Grand Mirail, à Toulouse, pour « enseignement non conforme ». Il avait aussi condamné le directeur de l’école, l’imam Abdelfatthah Rahhaoui, à quatre mois de prison avec sursis et une interdiction de diriger un établissement d’éducation.

Dans l’arrêt que s’est procuré l’Agence France-Presse, la cour d’appel de Toulouse infirme le jugement du TGI et relaxe également l’association Al-Badr, qui gérait l’école. Cette association culturelle avait écopé de 5 000 euros d’amende et d’une « interdiction définitive d’exercer ».

« Enseignement très déficitaire »

L’éducation nationale reprochait à l’école dirigée par l’imam Rahhaoui, réputé pour son conservatisme, de ne pas laisser « suffisamment de place aux enseignements de base en langues françaises par rapport aux enseignements coraniques en langue arabe », selon Me Samim Bolaky, l’avocat de l’école.

Depuis son ouverture en 2013, l’école avait reçu quatre visites d’inspecteurs académiques. Tous avaient constaté un « enseignement très déficitaire dans tous les domaines en dehors de l’enseignement de l’arabe ». Ils soulignaient « l’étude quotidienne du Coran [qui] oblitère le temps de façon importante et réduit les séances consacrées aux connaissances et compétences minimales à faire acquérir ».

Ce revirement judiciaire intervient après une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par MBolaky, lors d’une première audience d’appel le 14 décembre 2017. Le 1er juin, le Conseil constitutionnel a validé le texte de loi par lequel la justice a ordonné la fermeture de l’école musulmane et condamné son directeur.

Cependant, les sages ont précisé dans leur décision que l’éducation nationale devait dans sa procédure de mise en demeure « expos(er) de manière précise et circonstanciée les mesures nécessaires pour que l’enseignement dispensé soit mis en conformité avec l’objet de l’instruction obligatoire ».

« Contexte politique très défavorable »

La décision du Conseil constitutionnel « apparaît comme très courageuse de la part des juges dans un contexte politique très défavorable à cette école », a estimé MBolaky, indiquant que la relaxe avait été obtenue sur ce point de procédure.

L’avocat parisien précise que l’école avait rouvert avec la constitution d’une nouvelle association culturelle, « le groupe scolaire Al-Badr ».

Cette nouvelle structure est à nouveau convoquée devant la justice toulousaine, fin janvier.