Pouvoir d’achat : les syndicats de fonctionnaires déçus
Pouvoir d’achat : les syndicats de fonctionnaires déçus
Par Benoît Floc'h
A l’issue d’un rendez-vous vendredi à Bercy, les organisations ont estimé que « les annonces faites ne répondent pas aux attentes ».
Les syndicats de fonctionnaires sont sortis déçus, vendredi 21 décembre, du bureau d’Olivier Dussopt. Le secrétaire d’Etat auprès de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, s’était pourtant montré rassurant : oui, leur a-t-il confirmé solennellement, les agents publics bénéficieront eux aussi des mesures en faveur du pouvoir d’achat annoncées par le président de la République le 10 décembre.
Trois des quatre mesures présentées ce jour-là s’appliqueront soit aux fonctionnaires, soit aux agents retraités. La première est l’exonération sociale et fiscale des heures supplémentaires à partir du 1er janvier. Environ 1,5 million d’entre eux sont concernés, a précisé M. Dussopt : 700 000 (dont 400 000 enseignants) pour la fonction publique d’Etat, 570 000 dans les collectivités locales et 220 000 à l’hôpital. Pour un célibataire, cela pourra représenter jusqu’à « plusieurs centaines d’euros par an », a ajouté le secrétaire d’Etat.
Pas de prime exceptionnelle
La deuxième est la revalorisation de la prime d’activité et l’élargissement de son champ d’application. Aujourd’hui, 410 000 agents publics, sur un total de 2,8 millions de bénéficiaires tous secteurs confondus, en jouissent. Le plan annoncé par Emmanuel Macron permettra d’accroître le nombre de fonctionnaires concernés de 200 000 personnes supplémentaires.
La troisième mesure, enfin, touche les agents retraités. Comme ceux du privé, ils bénéficieront du maintien du taux de CSG à 6,6 %, contre 8,3 % prévus, si leur revenu fiscal de référence est inférieur à 22 580 euros (34 636 euros pour un couple).
Olivier Dussopt a en revanche rappelé que la prime exceptionnelle que le gouvernement enjoignait aux entreprises de verser à leurs salariés ne verrait pas le jour dans le public. Cela coûterait « environ 5,1 milliards d’euros » à l’Etat, a-t-il justifié. Un montant jugé « colossal », rapporté au coût des mesures annoncées par Emmanuel Macron : 10,3 milliards d’euros.
« Malaise »
Sitôt la réunion terminée, les neuf organisations syndicales ont répondu sèchement que « les annonces faites ne répondent pas aux attentes » des agents. « Le gouvernement n’a pas pris la mesure du malaise qui s’exprime dans la fonction publique et des difficultés en termes de pouvoir d’achat », ont-ils dénoncé unanimement. Demandant « des mesures urgentes et générales », le ton a pris une tournure menaçante : « Devant l’absence de réponse de sa part, elles décideront des moyens nécessaires pour peser afin d’être entendues. »
Mais le secrétaire d’Etat a, sans surprise, fermé la porte à toute mesure générale, assimilée à du saupoudrage. Le gouvernement rappelle que le protocole « parcours professionnels, carrières et rémunérations » (PPCR), plan de revalorisation salariale signé en 2015, serait réenclenché en 2019, après avoir été gelé en 2018. Cela représentera 745 millions d’euros en 2019. Il a également évoqué d’autres mesures, comme la revalorisation des frais de mission et de l’indemnité kilométrique, entre autres.