Le rush aura finalement eu lieu, samedi 22 et dimanche 23 décembre. Les magasins, dont la fréquentation avait plongé au gré des opérations de blocage montées par le mouvement des « gilets jaunes » depuis mi-novembre partout en France, ont recouvré la santé lors du dernier week-end précédant le réveillon de Noël, selon les chiffres publiés mercredi 26 décembre par le Conseil national des centres commerciaux (CNCC).

L’indice national de fréquentation établi par le CNCC et la société d’études Quantaflow s’est établi en hausse de 6 %, les 22 et 23 décembre, par rapport à la même période de 2017. Gontran Thüring, délégué du CNCC, se félicite de cette « bonne nouvelle », après « cinq week-ends en forte baisse ».

Les centres commerciaux français avaient essuyé des chutes de fréquentation successives de 14,3 % le samedi 24 novembre, 12,7 % le 1er décembre, 17 % le 8 décembre et 10 % le 15 décembre, selon les chiffrages établis dans 280 centres commerciaux en France par le CNCC. Lors de l’avant dernier week-end de 2018, les Français ont retrouvé le chemin des magasins. Le dimanche 23 décembre, l’affluence était plus grande encore que le samedi 22 décembre.

Manque à gagner

Mais ce « rattrapage tardif ne permettra pas de récupérer le chiffre d’affaires qui aurait dû être réalisé sans la crise des “gilets jaunes” », prévient M. Thüring. Le manque à gagner dans les 800 centres commerciaux que compte la France serait trop important pour qu’un excellent week-end de shopping y suffise. Au total, d’après les premières estimations dévoilées par la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), la facture pourrait atteindre deux milliards d’euros pour l’ensemble du secteur. Il « faudrait attendre la fin du premier trimestre 2019 pour évaluer précisément l’impact de la crise des “gilets jaunes” », précise M. Thüring.

D’ici là, le secteur pourrait avoir commencé à bénéficier des « mesures annoncées en faveur du pouvoir d’achat » par le gouvernement, reconnaît le CNCC. Les professionnels du shopping dans les galeries marchandes, commerçants et bailleurs, espèrent profiter de l’allocation de prime de fin d’année, « notamment pendant la période des soldes d’hiver », qui s’ouvre le mercredi 9 janvier.

Après avoir multiplié les promotions en novembre pour soutenir leur activité, les commerçants s’apprêtent de nouveau à casser les prix pour écouler leurs stocks. Quitte à vendre à perte, ce que la loi les autorise à faire. Comme à l’accoutumée, la date de démarrage de cette période de soldes d’hiver fait débat. Le CNCC la juge « trop tardive » au regard de celle choisie par nos voisins européens. En Belgique, les soldes démarrent le 3 janvier. Au Luxembourg, ils débutent dès le 29 décembre. En Allemagne, les commerçants les mènent, pour un mois, à leur convenance ; il est d’usage qu’ils démarrent fin décembre. Les Britanniques, eux, sont dans la chasse aux bonnes affaires depuis mercredi 26 décembre, grâce au Boxing Day.

Boxing Day à la française

Le CNCC rêve de décrocher de l’Etat l’autorisation de mener cette opération coup de balai qui, au lendemain de Noël, lance les soldes d’hiver dans bon nombre de pays anglo-saxons. De fait, les Français en sont déjà fort familiers. Depuis mercredi 26 décembre, les enseignes leur accordent de grosses remises, sous le manteau, à la faveur d’opérations promotionnelles ou d’offres de ventes privées adressées par SMS ou e-mails. « Mon smartphone en est plein », reconnaît M. Thüring.

Toutefois, l’instauration d’un Boxing Day à la française serait, « dans les circonstances actuelles, un bon moyen pour les commerçants de refaire leur trésorerie », à en croire ce dernier. D’ici là, le CNCC se félicite du raccourcissement de la période de soldes à quatre semaines au lieu de six. Cette nouvelle disposition relève de la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), qui doit être débattue au Sénat fin janvier. Sa mise en application interviendrait lors des soldes d’été 2020.