Vinci prend le contrôle de l’aéroport Londres-Gatwick pour 3,2 milliards d’euros
Vinci prend le contrôle de l’aéroport Londres-Gatwick pour 3,2 milliards d’euros
LE MONDE ECONOMIE
Il s’agit de l’opération la plus importante dans les aéroports pour le groupe français, qui se félicite d’un « prix très raisonnable ».
La pagaille provoquée à Gatwick par de mystérieux vols de drones et sa fermeture durant 36 heures juste avant Noël n’ont pas fait reculer Xavier Huillard. Décidé à devenir l’un des premiers opérateurs internationaux d’aéroports, au-delà de son activité dans le bâtiment et les travaux publics, le PDG de Vinci a annoncé, jeudi 27 décembre, la prise de contrôle du site britannique.
Une opération majeure pour le groupe français d’infrastructures, la plus importante qu’il ait jamais conclue dans les aéroports. Une fois la transaction bouclée, en principe d’ici à la fin juin 2019, Gatwick sera le plus grand géré par Vinci à travers le monde.
Gatwick, le deuxième aéroport le plus fréquenté de Grande-Bretagne, derrière Heathrow, avait dû être vendu en 2009 par la British Airports Authority, mise en demeure de céder certaines de ses plates-formes afin de favoriser la concurrence. Global Infrastructure Partners, un fonds d’investissement créé par General Electric et le Crédit suisse et spécialisé dans les infrastructures, avait obtenu les clés de l’aéroport situé à 45 kilomètres au sud de Londres.
Dix ans plus tard, le fonds dirigé par le milliardaire nigérian Adebayo Ogunlesi entame sa sortie. Global Infrastructure Partners va vendre à Vinci 50 % du capital de Gatwick, plus une action, et garder les 49 % restants. Montant du chèque : 2,9 milliards de livres sterling (3,2 milliards d’euros) pour la moitié du capital. En incluant la dette, cela valorise l’aéroport à environ 8,3 milliards de livres. L’équivalent de 12 ans de chiffre d’affaires de Gatwick, et 22 fois son résultat brut d’exploitation en 2017-2018.
« Un prix très raisonnable »
Le groupe français se défend pourtant de faire une folie. « C’est un prix très raisonnable par rapport aux dernières transactions dans ce secteur, d’autant qu’il ne s’agit pas d’une concession, mais d’une acquisition en pleine propriété, sans limitation de durée », plaide Nicolas Notebaert, le président de Vinci Airports. En outre, « les opportunités de rachat d’un aéroport de cette qualité et de cette dimension sont extrêmement rares », note-t-il.
Ouvert à la fin des années 1920 comme simple aérodrome, Gatwick est devenu le huitième aéroport d’Europe, avec 46 millions de voyageurs attendus en 2018. Il ne dispose que d’une piste, ce qui limite son essor, mais sa fréquentation continue à croître avec l’arrivée de plus gros avions. Disposant de « la piste unique la plus fréquentée au monde », Gatwick est l’« aéroport le plus efficace au monde », affirme Vinci.
Avec cette acquisition, Vinci exploitera désormais 46 aéroports dans le monde, et espère arriver dans le trio de tête des groupes du secteur. Entré discrètement dans ce domaine en 1995, au Cambodge, Vinci a frappé un grand coup en 2013, en achetant les dix aéroports continentaux du Portugal. Puis le groupe a poursuivi ses emplettes. Tout en misant sur Gatwick, il garde un œil sur ADP, l’important gestionnaire français, que le gouvernement envisage de privatiser.