2018 dans le rétro : élimination précoce, bugs en série, vocation contrariée… les flops de l’année dans le sport
2018 dans le rétro : élimination précoce, bugs en série, vocation contrariée... les flops de l’année dans le sport
Julen Lopetegui, le XV de France, les footballeurs allemands, les avocats de la Sky ou le service clients de RMC Sport… Pour certains l’année n’a pas été un long fleuve tranquille.
En 2018, les Bleus ont accroché une deuxième étoile à leur maillot, Rafael Nadal a remporté Roland-Garros pour la onzième fois et la Belgique est même devenue championne du monde de hockey sur gazon. Mais le sport c’est aussi une histoire de défaites, de désillusions et de couacs. La preuve par huit.
Et à la fin ce sont les Allemands qui sortent les premiers
Quel journaliste – un peu en manque d’inspiration – n’a jamais glissé la fameuse phrase (un peu déformée) de Gary Lineker dans un article sur la Mannschaft ? « Le football est un jeu qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est l’Allemagne qui gagne. » Mais pas en 2018. « Je peux vous assurer qu’on ne fera pas partie des tenants du titre maudits », s’était un peu avancé le sélectionneur Joachim Löw après la défaite inaugurale face au Mexique (0-1) pour son entrée dans la Coupe du monde. Après une victoire tombée du ciel contre la Suède, les champions du monde 2014 rechutaient face à la Corée du Sud (0-2) et rejoignaient la France (2002), l’Italie (2010) et l’Espagne (2014) comme tenants du titre sortis dès le premier tour. Malgré ce fiasco russe, Löw s’est accroché à son poste. En Allemagne, on ne brûle pas tout de suite ce qu’on a pu adorer.
Julen Lopetegui, à Barcelone le 28 octobre. / JOSEP LAGO / AFP
Julen Lopetegui, sélectionneur débarqué et entraîneur congédié
Jusqu’au 13 juin, 2018 était plutôt une belle année pour Julen Lopetegui. L’ancien gardien était le sélectionneur d’une équipe d’Espagne séduisante, citée parmi les favorites de la Coupe du monde, et le Real Madrid lui lançait des œillades. Mais quand le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, apprend que Lopetegui a négocié dans son dos avec le Real, il le renvoie par le premier avion à deux jours du premier match de Coupe du monde de la Roja (éliminée en huitième de finale contre la Russie avec le pompier de service Fernando Hierro à sa tête). Quatre mois et quelques défaites plus tard (dont la dernière, fatale : 5-1 contre Barcelone), Lopetegui est démis de ses fonctions. Le Real est aussi une machine à broyer les entraîneurs, Zinédine Zidane l’avait bien pressenti en annonçant son départ.
L’interminable affaire Froome
Vous n’avez pas tout compris de l’affaire du contrôle antidopage « anormal » de Christopher Froome ? C’est normal, ne remettez pas en doute vos facultés intellectuelles. Le 13 décembre 2017, Le Monde et The Guardian révèlent qu’une procédure est lancée contre le vainqueur du Tour d’Espagne, dont les urines révèlent un taux excessif de salbutamol à l’issue de la 18e étape. « Mon asthme s’est aggravé sur la Vuelta et j’ai suivi les conseils du médecin de l’équipe pour augmenter mon dosage de salbutamol », plaide alors l’intéressé.
Le début d’une guerre d’experts et d’avocats (ceux de la Sky, la riche équipe du Britannique) et d’un interminable imbroglio. Le quadruple vainqueur du Tour sera-t-il autorisé à s’aligner au départ de l’édition 2018 ? Début juin, Froome remporte un Giro renversant mais avec le risque de voir ce succès annulé en cas de suspension. Le 1er juillet, l’organisation du Tour adresse un courrier à Froome pour lui signifier qu’il n’est pas le bienvenu, mais le lendemain l’Union cycliste internationale blanchit le coureur, autorisé à prendre le départ cinq jours plus tard. Froome chutera dès la première étape en Vendée et terminera 3e d’une épreuve pendant laquelle il essuiera les sifflets et les insultes.
Les joueurs du XV de France après leur défaite contre les Fidjiens, le 24 novembre. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Le XV de France, état stationnaire, donc inquiétant
Un match nul contre le Japon pour finir 2017, une défaite face aux Fidji dans un Stade de France à moitié vide fin novembre 2018… les Bleus ne sont pas plus avancés avec Guy Novès ou Jacques Brunel à leur tête. Dans un style plus matois que son prédécesseur, le Gersois (nommé sélectionneur le 27 décembre 2017) affiche un bilan de 27 % de victoires, avec trois succès pour huit défaites. Il y a eu le drop assassin de l’Irlandais Jonathan Sexton, la victoire cache-misère face à une Angleterre en petite forme, un succès qui glisse des mains sur la dernière action face à l’Afrique du Sud. Il y a surtout une équipe qui se cherche une identité, une âme, des cadres et pointe à la 9e place du classement mondial juste derrière les Fidji à neuf mois de la Coupe du monde au Japon. Heureusement, il reste les filles pour se remonter le moral.
Kevin Mayer après son troisième essai mordu à Berlin / ANDREJ ISAKOVIC / AFP
Kevin Mayer, le trou d’air avant le record
Le sport est aussi une histoire de rebonds : prenez Kevin Mayer. Le 16 septembre à Talence (Gironde), le Français établit un nouveau record du monde au décathlon avec 9 126 points. Une performance majuscule qu’il avait déjà dans les jambes début août à Berlin lors des championnats d’Europe. Mayer explose son record sur le 100 m avant d’enchaîner sur le saut en longueur. Le premier essai va loin, mais il est mordu. Il reproduira l’erreur deux autres fois pour un zéro pointé qui annihile toutes ses chances et le force à abandonner. Et quand sur Twitter la Fédé de la Lose (qui moque gentiment les défaites à la française) lui souhaite la bienvenue, Mayer répond avec humour et détachement. Depuis, il a pris ses distances avec la « lose ».
Merci à la FFL de mettre en avant le décathlon et les épreuves combinées, j’espère cependant ne pas devenir membre… https://t.co/3rbF1y0oP1
— mayer_decathlon (@Kevin MAYER Décathlon)
RMC Sport, erreur 504
Pour s’assurer la diffusion en exclusivité de la Ligue des champions, le groupe SFR a mis la main à la poche (350 millions d’euros par an jusqu’en 2021). Et a voulu rentabiliser cet investissement avec le lancement des chaînes thématiques RMC Sport. Problème : la première soirée vire au fiasco lors du match du PSG à Liverpool le 18 septembre. Plantages, déconnexions, service inaccessible… Le service de communication de SFR a très vite reconnu le problème : « C’est la première grande soirée, il y a des difficultés sur la plate-forme de l’application RMC Sport. Toutes les équipes techniques sont sur le pont. » Insuffisant pour certains amateurs de football qui en lieu et place du match ont eu sur leur écran le bandeau « Erreur 504. Incident de réseau, si le problème persiste veuillez contacter notre service client. » Les défaillances du service en streaming de SFR sont rapidement devenues un sujet de plaisanteries amères sur les réseaux sociaux.
Franchement vous devriez regarder une TL de gens qui galèrent avec RMC Sport c'est surement plus drôle que le match lui même.
— MVCDLM (@MVCDLM)
On peut vous l’avouer, même le service sport du Monde.fr a éprouvé les pires difficultés avant de pouvoir regarder le match et vous le faire vivre en live ce soir-là.
Usain Bolt avec le mailot de Central Coast Mariners, le 31 août àà Gosford, en Australie. / Steve Christo / AP
Usain Bolt, footballeur contrarié
Les supporteurs – vachards – ont un nom pour ce type de joueur : « un tout droit ». Le « tout droit » va vite, mais maîtrise mal l’objet sphérique qu’on appelle le ballon. Usain Bolt colle bien à la définition : 9,58 s sur 100 m mais une technique qui laisse à désirer. Le Jamaïcain aime le football d’amour et rêve d’en faire son second métier à 32 ans. Le 21 août, il est mis à l’essai par le club australien des Central Cost Mariners. Bolt participe à trois matchs amicaux, inscrit même un doublé face à Macarthur South West United (une sélection des meilleurs joueurs de deuxième division de l’état de Nouvelle-Galles du Sud), mais n’est pas retenu dans l’effectif des Mariners. « Regardez notre ligne d’attaque et demandez-vous où est-ce qu’il pourrait se faire une place ? », justifie l’entraîneur Mike Mulvey. « De ce que j’ai vu, son toucher de balle ressemble à du trampoline », juge Andy Keogh, attaquant de Perth Glory. Peu importe, Bolt aurait reçu des propositions de clubs turcs et mexicains aux dernières nouvelles.
Comité international olympique cherche ville candidate désespérément
Vous voulez perdre un référendum ? Demandez conseil au Comité international olympique (CIO) : le rejet populaire, le 14 novembre, de la candidature de Calgary (Canada) pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2026 était le neuvième de suite. Stockholm (Suède) et Milan-Cortina d’Ampezzo (Italie) sont les derniers survivants de ce jeu de massacre : Erzurum (Turquie), Graz (Autriche), Sapporo (Japon), Sion (Suisse) et, donc, Calgary avaient jeté l’éponge auparavant. Et encore, dans le cas de Stockholm ni l’Etat ni la municipalité ne veulent verser une couronne pour ce projet. Le gouvernement italien, après avoir soufflé le chaud et le froid sur Milan-Cortina d’Ampezzo, s’est engagé par la voix du ministre de l’intérieur, Matteo Salvini à mettre au pot pour combler d’éventuels déficits. Le CIO doit désigner la ville hôte en juin 2019. Encore faut-il qu’il reste des volontaires pour accueillir une compétition dont le gigantisme effraie de plus en plus les populations locales.