L’IGPN saisie de 48 affaires de violences policières présumées
L’IGPN saisie de 48 affaires de violences policières présumées
Le Monde.fr avec AFP
L’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été saisie à la suite de violences présumées commises lors de manifestations de « gilets jaunes » et de lycéens.
L’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », a été saisie par la justice de 48 affaires de violences policières présumées lors de manifestations des « gilets jaunes » et des lycéens au cours des dernières semaines, a annoncé, vendredi 28 décembre, le ministère de l’intérieur.
Plusieurs de ces affaires ont trouvé un large écho sur les réseaux sociaux. Celle d’un homme à terre, roué de coups par des policiers le 1er décembre à Paris. La scène avait été filmée par des passants. Publiée sur les réseaux sociaux, la vidéo a été visionnée des millions de fois.
Celle, aussi, des 151 jeunes de Mantes-la-Jolie (Yvelines), à proximité des lycées Saint-Exupéry et Jean-Rostand. Dans cette scène, filmée le 6 décembre, on les voit alignés et agenouillés, les mains derrière la tête ou dans le dos, entravés, tous encadrés par les forces de l’ordre, après leur interpellation. Dans l’une des vidéos, on entend les propos d’un policier moqueur : « Voilà une classe qui se tient sage. »
Le lendemain, le Défenseur des droits avait annoncé l’ouverture d’une enquête sur « sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées des interpellations de lycéens à Mantes-la-Jolie », rappelant qu’il était chargé de « veiller au respect de la déontologie » des forces de l’ordre et de défendre « l’intérêt supérieur de l’enfant ».
Usage décrié des lanceurs de balle de défense
D’autres enquêtes concernent des manifestants blessés après des tirs de lanceurs de balle de défense (LBD), notamment un « gilet jaune » à Toulouse, victime d’un traumatisme facial et plongé un temps dans le coma artificiel, ou un lycéen à Orléans, souffrant d’une fracture au front après avoir été touché au visage.
« Il n’y a pas eu de recensement spécifique des affaires liées à l’usage du LBD », a précisé le ministère de l’intérieur, qui vient de lancer un appel d’offres pour acquérir de nouveaux exemplaires de cette arme, dont l’usage est décrié.
Le 7 décembre, environ 200 personnalités, dont plusieurs députés de l’opposition de gauche, mais aussi des écrivains, des cinéastes, des sociologues et des historiens, avaient appelé le gouvernement à cesser « immédiatement » d’utiliser des lanceurs de balles automatiques pour réprimer les manifestations.
Nouvelles manifestations
Depuis le début du mouvement, le 17 novembre, dix « gilets jaunes » sont morts et plus de 1 500 personnes ont été blessées, dont une cinquantaine gravement, selon des sources policières. Les forces de police et de gendarmerie, qui ont procédé à plus de 5 500 interpellations et mis plus de 5 000 personnes en garde à vue, déplorent de leur côté plus de 1 000 blessés.
Selon plusieurs représentants de ce mouvement, de nouvelles manifestations auront lieu samedi, pour le septième week-end successif, à Paris, Lyon, Nantes, Toulouse ou encore Bordeaux. Un nouveau rassemblement des « gilets jaunes » est ensuite attendu la nuit de la Saint-Sylvestre, notamment à Paris, sur les Champs-Elysées.
Selon le gouvernement, la mobilisation des « gilets jaunes » a largement décru ces dernières semaines avec 38 600 manifestants en France samedi dernier, contre 66 000 une semaine plus tôt. Le 17 novembre, premier samedi de mobilisation, 282 000 personnes s’étaient rassemblées en France.