Alexandre Benalla, auditionné par le Sénat à Paris, le 19 septembre 2018. / THIBAULT CAMUS / AP

Le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, va saisir le procureur de la République après des informations de presse sur l’utilisation d’un passeport diplomatique par l’ancien conseiller de l’Elysée Alexandre Benalla, a annoncé vendredi 28 décembre son ministère.

Selon nos informations et celles de Mediapart, M. Benalla, malgré sa mise à pied liée aux violences du 1er Mai, continue de voyager avec un passeport diplomatique émis le 24 mai. C’est en effet avec un tel document qu’il a voyagé dans certains pays d’Afrique, en tant que « consultant » (comme il définit aujourd’hui ses nouvelles fonctions) en novembre et en décembre.

« Le ministre a décidé de saisir le procureur de la République sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale » qui oblige tout fonctionnaire et « toute autorité constituée » ayant connaissance d’un délit ou d’un crime à saisir la justice, selon le communiqué du ministère. Celui-ci précise avoir demandé à deux reprises la restitution des deux passeports diplomatiques délivrés à M. Benalla.

Des propos contradictoires

L’Elysée et le Quai d’Orsay affirment n’avoir aucune information sur l’usage éventuel d’un des passeports diplomatiques de M. Benalla. « Toute utilisation de ces passeports postérieure à la fin des fonctions qui avaient justifié l’attribution de ces documents serait contraire au droit », affirme le ministère des affaires étrangères, qui précise avoir demandé par courrier recommandé à deux reprises – en juillet et septembre – la restitution des documents à M. Benalla.

Selon son entourage, l’ancien conseiller de l’Elysée affirme que ses passeports diplomatiques lui ont été restitués « début octobre », rapporte vendredi l’Agence France-Presse (AFP). Il n’aurait donc pas menti lors de son audition sous serment devant la commission d’enquête du Sénat, le 19 septembre. M. Benalla avait alors assuré que « les titres dont il s’agit sont restés dans le bureau que j’occupais à l’Elysée ».

En porte-à-faux avec les déclarations de l’Elysée et du Quai d’Orsay, les propos de son entourage contredisent aussi ceux qu’il a lui-même tenus le 26 décembre : alors qu’il répondait au Monde au sujet de ses différents déplacements en Afrique, il déclarait ne plus disposer de passeport diplomatique français.

Voyage au Tchad

La présence de M. Benalla au Tchad au début de décembre, où il a rencontré le président, Idriss Déby, trois semaines avant la visite officielle d’Emmanuel Macron, a profondément embarrassé l’Elysée. Dans ce pays, comme au Cameroun, l’ancien chargé de mission de l’Elysée était, selon nos informations, dans une délégation mandatée par des sociétés détenues notamment par des acteurs gouvernementaux du Qatar et de la Turquie.

M. Benalla a été à l’origine d’une tempête politique cet été, après avoir été filmé en train d’interpeller violemment des manifestants à Paris en mai, alors qu’il n’en avait pas la prérogative. Cet incident fut le point de départ d’une série de révélations sur le périmètre très flou de ses attributions dans l’appareil élyséen.

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