L’activiste Ahmed Mansoor, à Dubaï, le 30 novembre 2011. / Nikhil Monteiro / REUTERS

Les Emirats arabes unis témoignent une nouvelle fois de la répression que le pays livre contre la liberté d’expression. La Cour suprême a confirmé, lundi 31 décembre, une peine de dix ans de prison à l’encontre de l’opposant Ahmed Mansour pour avoir critiqué le pouvoir et nui à l’image du pays sur les réseaux sociaux, a rapporté Amnesty International et la presse locale.

Ce jugement émanant de la chambre d’appel du haut tribunal fédéral ne peut pas faire l’objet d’un recours, a précisé l’organisation de défense des droits de l’homme, en s’élevant contre ce verdict. La condamnation d’Ahmed Mansoor à une amende de 1 million de dirhams (270 000 dollars) a été également confirmée par le tribunal siégeant à Abou Dhabi, selon le quotidien Gulf News.

La presse internationale n’est pas autorisée à assister à ce genre de procès aux Emirats, où les familles régnantes ne tolèrent aucune critique de la part d’opposants. Ce verdict « confirme qu’il n’y a pas de place pour la liberté d’expression dans les Emirats arabes unis », dit Amnesty dans un communiqué.

« Le seul crime d’Ahmed Mansoor a été d’exprimer ses opinions pacifiques sur les réseaux sociaux, et il est scandaleux qu’il soit puni d’une peine de prison aussi lourde », a ajouté l’organisation, en précisant qu’« il s’agit d’un verdict final qui ne peut faire l’objet d’un appel ».

« Au lieu de punir Ahmed Mansoor pour avoir osé exprimer ses opinions, les autorités doivent annuler sa peine et le libérer immédiatement et sans condition. »

Vague de protestations

Ahmed Mansoor, 49 ans, a été condamné en première instance le 31 mai pour avoir terni « le statut et le prestige des Emirats arabes unis et ses symboles », et pour avoir nui aux relations entre ce pays et ses voisins. Il avait toutefois été blanchi de l’accusation de complot avec une « organisation terroriste ». Son arrestation en mars 2017 avait suscité une vague de protestations des principales organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch et Amnesty.

Lors de son arrestation, le procureur chargé de la lutte contre la cybercriminalité l’avait notamment accusé d’avoir utilisé les réseaux sociaux pour « publier de fausses informations ». On lui avait aussi reproché de porter atteinte à « l’unité nationale et à la paix sociale et d’avoir nui à la réputation de l’Etat et incité à la désobéissance ».

M. Mansoor avait déjà été condamné à trois ans de prison en 2011 — au début du printemps arabe — lors d’un premier procès jugé « manifestement injuste » par des groupes de défense des droits de l’homme. Il avait été jugé coupable d’avoir « utilisé internet pour insulter les dirigeants des Emirats arabes unis ». L’opposant avait été pardonné par le président la même année, mais privé de son passeport et interdit de voyage à l’étranger.