Avec 200,5 millions d’entrées, l’année 2018 reste une bonne année pour les cinémas français. / ALFRED BUELLESBACH / BUCHCOVER / PHOTONONSTOP

En France, 200,5 millions de spectateurs sont allés au cinéma en 2018, selon les chiffres du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), publiés lundi 31 décembre. Ce résultat marque une baisse de 4,25 % par rapport à 2017 où l’on avait compté 209,4 millions de personnes dans les salles obscures. Ce recul s’explique par l’effet conjugué de trois facteurs : le manque de gros films américains très porteurs, la tenue de la Coupe du monde de football, ainsi que la canicule estivale. Si bien que les spectateurs potentiels ont eu tendance à rester chez eux et à moins fréquenter les cinémas, explique-t-on au CNC. La succession de mouvements de grève à la SNCF, au printemps, tout comme les manifestations des « gilets jaunes » et les débordements de violence à Paris, en novembre et décembre, ont également ajouté un petit coup de frein à cette tendance.

Toutefois, le cap des 200 millions de spectateurs constitue bon an mal an la norme en France depuis une dizaine d’années. Le pic des 411,7 millions dans l’Hexagone remonte à… 1957, quand la télévision était balbutiante et Netflix inexistante.

Avec 5 909 écrans bien répartis sur tout le territoire, la France reste très largement leader dans le cinéma en Europe. Le Royaume-Uni, doublement dopé par l’ouverture massive de nouvelles salles et le succès fulgurant de deux films (Mamma Mia ! Here We Go Again, d’Ol Parker, et Bohemian Rhapsody, de Bryan Singer) a endigué sa chute et sa fréquentation a stagné à 176 millions d’entrées. Nos autres grands voisins ont en revanche souffert. Pénalisés par un parc de salles vieillotes et un manque de films nationaux forts, les spectateurs ont délaissé le cinéma en Allemagne, où la fréquentation a chuté de 17 % à 90 millions. Elle s’est également érodée de 4 % en Espagne à 92 millions de spectateurs et a baissé de 6 % en Italie pour tomber à 79 millions.

Le CNC confiant

En France, Les Indestructibles 2, de Brad Bird, arrive en tête des cinq films qui ont drainé le plus d’audience (5,8 millions d’entrées), suivi par Les Tuche 3, d’Olivier Baroux (5,7 millions), La Ch’tite Famille, de Dany Boon (5,6 millions), Avengers : Infinity War, d’Anthony et Joe Russo (5,1 millions), et Le Grand bain, de Gilles Lellouche (4,2 millions). Astérix. Le secret de la potion magique, d’Alexandre Astier et Louis Clichy, qui n’a pas fini sa carrière en salle, pourrait encore entrer dans ce top 5.

Persuadée que « les salles de cinéma sont des lieux de vie indispensables à la société », Frédérique Bredin, présidente du CNC, se félicite que 2018 soit « une très belle année pour le cinéma français. Il réalise 40 % de part de marché, un record en Europe », affirme-t-elle. Entre 2017 et 2018, le cinéma français a gagné près d’un million de spectateurs pour atteindre 78 millions. C’est le meilleur résultat depuis 2013 dans l’Hexagone.

Les comédies ont trouvé leur public, tout comme les films d’action comme Taxi 5 (3,6 millions d’entrées), les films d’aventures pour enfants comme Belle et Sébastien 3. Le dernier chapitre (1,7 million), les westerns tels que Les Frères Sisters, de Jacques Audiard (840 000), ou les comédies dramatiques comme Première année (1 million).

A l’inverse, malgré un budget colossal de 300 millions de dollars (262,50 millions d’euros), Solo. A Star Wars Story, de Ron Howard, n’a que péniblement atteint 1,4 million d’entrées en France. Bumblebee, de Travis Knight, autre très gros film américain, a été devancé le premier jour de son exploitation en salle par Mia et le lion blanc, de Gilles de Maistre.

Le CNC se dit très confiant pour l’année 2019. Les blockbusters américains seront de retour, et leur sortie mieux étalée tout au long de l’année. Il s’agit presque exclusivement d’énièmes suites d’histoires déjà très largement éprouvées : Men in Black : International, Toy Story 4, Top Gun : Maverick, Wonderwoman 1984, La Reine des neiges 2 et même Star Wars Episode IX… Un Dumbo de Tim Burton est également attendu.

En production française aussi, une avalanche de suites de recettes qui ont bien marché est prévue. Y figurent Tanguy, le retour, d’Etienne Chatiliez, Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ?, de Philippe de Chauveron, Minuscule 2. Les mandibules du bout du monde, d’Hélène Giraud et Thomas Szabo, ou encore Nous finirons ensemble, de Guillaume Canet.