Une Américaine de 13 ans s’évade après 88 jours aux mains du tueur de ses parents
Une Américaine de 13 ans s’évade après 88 jours aux mains du tueur de ses parents
Le Monde.fr avec AFP
Elle a profité d’une absence de son ravisseur pour s’enfuir. Arrêté juste après, le suspect sera présenté lundi à un juge en vue de son inculpation.
Conférence de presse du shérif du comté de Barron, Chris Fitzgerald, après la disparition de Jayme Closs, le 17 octobre 2018. / Jerry Holt / AP
Une adolescente de 13 ans, Jayme Closs, était saluée comme une « héroïne » vendredi aux Etats-Unis, au lendemain de son évasion après 88 jours aux mains d’un homme de 21 ans, qui est soupçonné d’avoir tué ses parents pour l’enlever.
Son ravisseur présumé, Jake Thomas Patterson, arrêté juste après l’évasion, sera présenté lundi à un juge en vue de son inculpation pour enlèvement et double meurtre, a déclaré la police.
« Le suspect avait l’intention précise de kidnapper Jayme » et il avait soigneusement « planifié » l’enlèvement, a précisé lors d’une conférence de presse Chris Fitzgerald, le shérif de Barron, une petite ville de la région des Grands lacs. La jeune fille était « sa seule cible », a-t-il ajouté. Mais, « nous ne savons pas comment il l’a repérée ». « Nous croyons qu’il n’avait jamais été en contact avec la famille » avant le 15 octobre 2018, avait-il dit un peu plus tôt.
Ce jour-là, James Closs, 56 ans, et sa femme Denise, 46 ans, un couple sans histoire, avaient été abattus dans leur maison de Barron, dont la porte avait été défoncée. Leur fille Jayme avait disparu. La police et les habitants de l’Etat du Wisconsin, choqués par ce drame, s’étaient immédiatement lancés à sa recherche, mais leurs efforts étaient restés infructueux. Et l’espoir de la retrouver vivante s’était amenuisé au fil des jours.
« Un fantôme »
Jeudi après-midi, l’adolescente a profité d’une absence de son ravisseur pour s’enfuir de la maison où elle était captive, située dans une zone isolée près de la bourgade de Gordon, à une centaine de kilomètres au nord de Barron.
Sale, amaigrie, les cheveux emmêlés et chaussée de souliers trop grands, elle a demandé de l’aide à une femme qui promenait son chien. Celle-ci l’a emmenée chez des voisins, qui ont alerté la police. « C’était comme voir un fantôme », a raconté à la presse locale Peter Kasinskas, chez qui elle a attendu l’arrivée des autorités, en précisant que l’adolescente « probablement en état de choc » ne s’était pas montrée très bavarde.
Elle leur a tout de même donné le nom de son ravisseur présumé, la couleur et la marque de sa voiture. Elle a assuré qu’elle ne le connaissait pas avant la mort de ses parents.
Avec ces informations, la police a rapidement appréhendé le suspect qui se trouvait au volant de sa voiture. Il cherchait apparemment à retrouver la jeune fille. Inconnu des services de police, le jeune homme n’a pas d’emploi connu. Lors de fouilles à son domicile, la police a retrouvé plusieurs armes, dont un fusil correspondant à l’arme utilisée pour tuer les parents Closs.
« Instinct de survie »
Jayme Closs, qui a passé la nuit à l’hôpital, a été entendue vendredi par les enquêteurs, qui n’ont pas révélé si elle avait souffert d’abus pendant sa détention. « Elle va bien compte tenu des circonstances », a simplement assuré le shérif Fitzgerald. Elle a été confiée à sa tante dans l’après-midi et doit retrouver le reste de sa famille dans la soirée.
« Je vais l’embrasser, la serrer fort », a déclaré à la presse locale son grand-père Robert Naiberg. « On pensait que ça finirait autrement, alors on est heureux qu’elle soit OK », a ajouté son oncle Jeff Closs sur une radio.
Le double homicide des parents Closs, un couple apparemment paisible qui travaillait dans une société locale d’élevage de volailles, avait plongé dans la perplexité les autorités du Wisconsin. En l’absence d’arme et de mobile évident, le mystère s’était épaissi avec la disparition durable de l’enfant, malgré des recherches menées jour et nuit et des battues rassemblant des milliers de bénévoles. Les autorités avaient également offert une récompense de 50 000 dollars pour toute information susceptible d’aider à la localiser.
L’enquête a été compliquée par l’absence d’indices sur la scène du crime. Le suspect « était allé très loin dans ses préparatifs » et avait notamment rasé sa tête pour ne pas laisser de cheveux, a expliqué le shérif Fitzgerald.
Ce « dossier était difficile » et c’est finalement « Jayme qui nous a offert la solution », a noté un responsable du FBI, Justin Tolomeo. « L’instinct de survie qui anime cet enfant est incroyable », a ajouté le shérif Fitzgerald. « Jayme est l’héroïne de cette affaire, sans aucun doute ».