La logique qui anime les « gilets jaunes » de Brionne (Eure) est simple : « Ça se passe tout près de chez nous, on ne comprendrait pas de ne pas être associés à la discussion, alors même que ce grand débat a été provoqué par les “gilets jaunes” », explique Francis Di-Giorgio, 65 ans, leur porte-parole.

Avec quatre autres « gilets jaunes » de la ville, il a envoyé, le 9 janvier, un courrier au préfet de l’Eure – dont Le Monde a eu connaissance – pour demander à participer à la rencontre qui doit se tenir mardi 15 janvier à Grand-Bourgtheroulde, à 20 km de chez eux, entre le président de la République et 600 maires et élus de Normandie. Cet événement doit marquer le lancement du grand débat national, en présence de Sébastien Lecornu, ministre des collectivités territoriales désormais chargé, avec Emmanuelle Wargon, de l’animer.

Si Emmanuel Macron a évoqué pour la première fois ce grand débat le 10 décembre 2018, en même temps qu’une série de mesures sociales pour répondre à la mobilisation des « gilets jaunes », il n’est jusqu’ici pas question d’une quelconque rencontre avec des manifestants ce mardi.

Dans leur courrier – que la préfecture confirme avoir reçu et fait suivre à la présidence de la République – les « gilets jaunes » de Brionne demandent à pouvoir « exprimer certaines de [leurs] revendications principales (allégement d’impôts et des taxes, et mise en place du référendum d’initiative citoyenne notamment) » auprès d’Emmanuel Macron, et auprès des maires, « leur demander de bien vouloir accepter, à l’avenir, [leurs] déclarations de manifestation ».

Pas de réponse pour l’heure

Le groupe de Brionne se revendique pacifiste et, pour preuve, rappelle qu’il a toujours déposé des déclarations de manifestation afin de se conformer à la légalité. Fin décembre, alors que la plupart des « gilets jaunes » des ronds-points des environs ont été délogés sur ordre du préfet, eux ont démonté leur installation sur le rond-point de la Lune. « On a voulu faire ça dans le calme, on a tout nettoyé nous-mêmes », insiste Francis Di-Giorgio. Après deux réunions de coordination avec le maire de Brionne et la gendarmerie, ils ont d’ailleurs obtenu l’autorisation d’occuper un terrain municipal, sur lequel ils ont reconstruit un baraquement en bois, sorte de quartier général, pour permettre de faire vivre le mouvement.

Ancien conseiller technique de l’état-major national de la sécurité civile, et ancien conseiller technique pour le SAMU au ministère de la santé, Francis Di-Giorgio, aujourd’hui retraité, n’a lui-même pas le profil d’un casseur. Il s’inquiète d’ailleurs des violences qui pourraient survenir mardi en marge de la venue du chef de l’Etat.

Jusqu’ici la demande des « gilets jaunes » de Brionne n’a pas reçu de réponse. « On irait juste à deux ou trois personnes, pas la peine d’être cinquante ! », précise M. Di-Giorgio. Il n’a pas connaissance d’une démarche similaire de « gilets jaunes » des environs. « C’est peut-être utopique de notre part, mais on considère que s’il y a vraiment une volonté de dialogue, comme le dit le président de la République, on a notre place là-bas, explique-t-il d’un ton calme. On ne peut pas dire “je dialogue” et ne pas nous recevoir, sinon il y a un double langage. » Lundi en début d’après-midi, il espérait toujours recevoir une réponse positive d’ici la fin de la journée.

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