« True Detective », après une deuxième saison ratée, la saison 3 s’annonce solide
« True Detective », après une deuxième saison ratée, la saison 3 s’annonce solide
Par Martine Delahaye
Ni électrisante comme la première, ni ratée comme la deuxième : au vu des seuls premiers épisodes, une saison 3 solide mais d’un calibre moyen.
Très attendu par les sériephiles après la révélation que fut sa première saison puis le ratage que fut sa deuxième, le chapitre III de l’anthologie True Detective a été lancé dimanche 13 janvier sur HBO, et sera diffusé en France à partir de 21 heures, lundi 14 janvier, sur la plate-forme d’Orange, OCS.
Au vu des premiers épisodes, ce troisième volet de True Detective ne tombe aucunement dans les ornières de la saison 2, mais ne parvient pas pour autant à renouveler la magie de sa première saison, qui sondait l’âme masculine de deux flics que tout opposait, et qui métamorphosait une série apparemment policière en un sombre et brillant conte philosophique.
Comme le veut l’anthologie, cette saison part sur de toutes nouvelles bases : nouveau meurtre mystérieux, nouveaux policiers, nouvelle communauté. Si ce n’est que son créateur, Nic Pizzolatto, reprend la même triple structure temporelle que lors de la première saison. L’on suivra donc l’évolution d’une enquête policière tour à tour dans les années 1980, puis au travers de l’interrogatoire auquel seront soumis, dix ans plus tard, les deux enquêteurs de l’époque, avant de retrouver l’un d’entre eux, en 2015, alors qu’il participe au tournage d’un documentaire.
Des poupées de type vaudou
Mais les similitudes de cette saison avec la saison 1 ne s’arrêtent pas là. L’on découvre en effet assez vite que si deux enfants, un frère et une sœur de 10 et 8 ans, ont disparu – un thème rebattu, ces derniers temps, dans les séries –, le meurtre de l’un d’entre eux a des résonances avec l’occultisme, impliquant même des poupées de type vaudou, comme dans le bayou de Louisiane où se déroulait la première saison.
De même, l’enquête autour de cette disparition va de nouveau réunir dans une même voiture deux flics à la triste figure, pendant les longues heures qu’ils passent à sillonner la région des Ozarks, dans l’Arkansas… Mais plus rien à voir, cette fois-ci, avec la fabuleuse confrontation qui se jouait entre les policiers interprétés par Matthew McConaughey et Woody Harrelson en saison 1.
Dans ce duo-ci, l’acteur Stephen Dorff n’a pour rôle que d’être le comparse falot – et parfois comique – de l’enquêteur principal, interprété par Mahershala Ali. Le problème ne tient en rien à l’interprétation de ces deux excellents acteurs, mais à l’absence d’opposition, d’électricité entre les deux personnages : jamais leurs échanges ou leurs silences ne révèlent l’irréconciabilité de deux visions de l’Amérique, que représentaient Matthew McConaughey et Woody Harrelson dans la première saison.
Un fort sentiment de déjà-vu
Pour autant, si le début de cette saison 3 frappe par un fort sentiment de déjà-vu en termes de structure, et si l’intrigue principale – la disparition des enfants – ne passionne guère, voire ennuie, la série intrigue et pourrait voir son attrait redoublé à mesure que se révélera le personnage de Wayne Hays (Mahershala Ali) en tant qu’enquêteur principal.
Vétéran de la guerre du Vietnam – de même qu’un personnage secondaire très intrigant, un Amérindien craint et décrié par la petite communauté blanche d’où les enfants ont disparu –, Wayne Hays se montre non seulement taiseux, marqué à vif par son passé de soldat, mais c’est aussi le seul Noir dans les environs… Des caractéristiques qui pourraient bien se révéler capitales, au fil de la saison.
True Detective, saison 3, série créée par Nic Pizzolatto. Avec Mahershala Ali, Stephen Dorff, Carmen Ejogo (EU, 8 × 60 min). Sur OCS City, lundi 14 janvier à 21 heures.