Hors-série. Comme chaque année au mois de janvier, les correspondants et la rédaction du Monde dressent le panorama politique, économique et environnemental de l’année écoulée. Chacun des 198 Etats de la planète fait l’objet d’un article analysant les principaux événements survenus en 2018. Analyses auxquelles s’ajoute un portfolio offrant un choix de 36 photos d’actualité, et 20 pages reproduisant les textes d’opinion les plus marquants publiés dans les pages Débats du Monde au cours de l’année écoulée.

Au fur et à mesure que les régimes autoritaires, à Moscou, Pékin, Ankara ou ailleurs, accroissent leur pouvoir aux dépens des opposants et des institutions dans leur pays, et leur influence dans le monde aux dépens des démocraties, ces dernières voient de plus en plus leurs propres citoyens attirés par les « solutions » simplistes que proposent ces « hommes forts » et ceux qui se proposent de les imiter. Si les choses vont mal, c’est à cause de l’étranger, de l’ennemi, des comploteurs. Ce n’est alors plus seulement la confiance envers les dirigeants et les institutions qui s’érode, mais aussi la confiance dans l’autre, le voisin proche, mais différent par sa couleur, sa religion, sa langue, sa culture, son comportement.

Retour de la « question sociale »

Lorsque, de surcroît, le président de la plus grande puissance économique et militaire de la planète, jusqu’alors garante du maintien de la paix, des valeurs démocratiques et des libertés civiles, suscite à son tour la défiance de ses alliés, de ses conseillers, de ses ministres et des élus de son propre parti – au point de les amener à démissionner ou à le désavouer –, lorsque ce même président soutient dans le monde les fauteurs de défiance, le constat de l’impuissance des dirigeants politiques à coopérer pour relever les défis du temps présent ne peut que se confirmer. Le résultat de la COP24 de Katowice (Pologne), qui a réuni, du 2 au 15 décembre, les 196 Etats parties prenantes des accords mondiaux de lutte contre le ­ réchauffement climatique, a montré l’incapacité des dirigeants de la planète à prendre des engagements à la hauteur de l’enjeu, alors que l’ampleur et les coûts des catastrophes naturelles ont atteint en 2018 des sommets inégalés.

En 2018, cette défiance à l’égard des dirigeants politiques s’est aussi manifestée par le retour en force de la « question sociale ». Non seulement en France, où les occupants des ronds-points ont clamé sur tous les tons pendant six semaines leur colère devant l’incapacité d’une élite politique dévouée au service des « premiers de cordée » à résoudre les problèmes quotidiens qu’ils rencontrent à mener « une vie décente ». Mais aussi de Khartoum à Budapest, de Moscou à Delhi, de Kasserine à Belgrade, où les populations ont manifesté contre la pauvreté, contre l’insuffisance de leurs revenus ou de leurs pensions, et, surtout, contre des gouvernements qui n’essaient même plus de tenir les promesses de mieux vivre sur lesquelles ils ont pourtant été élus. L’accroissement des inégalités au sein de chaque pays – riche ou pauvre – est l’un des phénomènes de ces trente dernières années qui ont été le plus décrits par les économistes. Il a logiquement fini par revenir au sommet des agendas.

Le Bilan du Monde 2019. Géopolitique, environnement, économie, 218 pages, 12 euros. Vendu en kiosque et sur le site Boutique.lemonde.fr

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