L’exécutif a été contraint par les « gilets jaunes » d’abandonner son engagement de maintenir le déficit public sous la limite de 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019. / BENJAMIN GIRETTE POUR LE MONDE

Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, a appelé, jeudi 17 janvier, à ne pas « relâcher les efforts » entrepris pour assainir les finances publiques, et ce malgré la crise des « gilets jaunes », qui a conduit l’exécutif à accroître les dépenses pour 2019. « Nous sommes conscients que les choix à faire et les arbitrages à rendre sont difficiles », a reconnu M. Migaud lors de l’audience solennelle de rentrée de la Cour, en présence du premier ministre, Edouard Philippe.

Mais « il reste possible de répondre aux attentes qui se sont exprimées (...) sans renoncer à l’effort de redressement des comptes publics », a-t-il poursuivi. Selon lui, il faut « accélérer » les réformes pour répondre aux colères exprimées par les Français et garantir la souveraineté de la France :

« Les circonstances actuelles imposent, non pas de freiner, mais d’accélérer et de concrétiser l’indispensable démarche de transformation de l’action publique. »

De « trop nombreuses niches fiscales et sociales »

« Des marges existent », a ajouté le président de la Cour des comptes, appelant à une remise à plat des « trop nombreuses niches fiscales et sociales qui grèvent nos ressources », à mettre fin aux « situations de rente » et à accroître la lutte contre toutes les formes de fraude.

Côté dépenses, il faut selon lui accélérer la transition numérique des services publics, « réduire les effets d’aubaine induits par certains transferts sociaux », supprimer les doublons de compétences entre l’Etat et les collectivités et « rationaliser – sans dégrader leur qualité – l’organisation des services publics ».

Alors que l’exécutif a été contraint par les « gilets jaunes » d’abandonner son engagement de maintenir le déficit public sous la limite de 3 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019, Didier Migaud a par ailleurs appelé à actualiser rapidement les prévisions de la loi de finances, la cible de déficit public, révisée à 3,2 %, n’intégrant pas plusieurs de ces mesures d’urgence.

Didier Migaud a toutefois ajouté que la Cour constatait les efforts réalisés dans de nombreuses administrations pour engager des « transformations courageuses » et, s’adressant à Edouard Philippe, a déclaré que « votre volonté d’agir peut susciter notre optimisme ».