Le patron d’Apple s’attaque aux revendeurs de données personnelles
Le patron d’Apple s’attaque aux revendeurs de données personnelles
Selon Tim Cook, les citoyens américains devraient avoir le droit de connaître la nature des données collectées par les « data brokers ». Et, le cas échéant, de les supprimer.
Tim Cook, le PDG d’Apple, considère que le Congrès américain devrait mieux réglementer l’« économie parallèle » des « data brokers ». / NOAH BERGER / AFP
Rendre aux utilisateurs le contrôle de leurs données et de leur vie privée : derrière ce mot d’ordre, on ne trouve pas plus Anonymous qu’un zélote du logiciel libre, mais le PDG d’Apple.
Tim Cook signe en effet, dans le Time Magazine du jeudi 17 janvier, une tribune intitulée « Vous méritez la confidentialité en ligne. Voici comment vous pouvez l’avoir ». Il en appelle au Congrès américain et y formule le souhait d’une législation renforcée, « pour protéger les consommateurs et leur rendre le contrôle » sur leurs données privées.
Le PDG d’Apple explique craindre que les nouvelles technologies, mal utilisées, représentent une menace pour la vie privée. Mais il n’est, toujours selon lui, « ni trop difficile » de s’attaquer au problème « ni trop tard ».
Dans son viseur : les « data brokers », ces entreprises qui collectent les données personnelles des internautes et les analysent avant de les revendre. Parmi leurs clients, des agences de publicité, mais aussi, par exemple, des partis politiques. Une « économie parallèle » insuffisamment réglementée selon Tim Cook.
Supprimer facilement ses données
Dans Time Magazine, Tim Cook explique ainsi avoir une « idée qui pourrait faire toute la différence ». Pour lui, ces entreprises devraient s’enregistrer auprès de la Commission fédérale du commerce américaine.
Les internautes devraient en outre bénéficier d’outils en ligne leur permettant de consulter les données dont ces entreprises font le commerce. Au besoin, ils auraient la possibilité de supprimer ces informations « gratuitement, facilement et une bonne fois pour toutes ».
Le patron d’Apple, qui se présente depuis plusieurs années comme un porte-drapeau de la protection des données personnelles, communique encore davantage sur ce sujet depuis le scandale Cambridge Analytica – une entreprise britannique spécialisée dans l’influence politique, qui a aspiré les données de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook. Une affaire qui a remis la question de la protection des données personnelles sur le devant de la scène. Au CES, grand-messe de l’innovation technologique qui s’est tenue début janvier à Las Vegas, une gigantesque publicité Apple narguait ses concurrents, en indiquant : « Ce qui se passe sur votre iPhone reste sur votre iPhone. »
Si Tim Cook s’adresse au législateur américain, l’« économie parallèle » des « data brokers » n’épargne pas l’Europe non plus. En novembre, l’association de défense du droit à la vie privée Privacy International, sise à Londres, a déposé des recours auprès des régulateurs de la vie privée anglais, irlandais et français.
Selon elle, les « data brokers », comme Acxiom ou Oracle, qui collectent, stockent et revendent des données ou l’accès à des données personnelles, ne sont pas conformes à la réglementation européenne car elles n’ont pas « apporté la preuve que la manière dont elles collectent les données se faisait avec [le] consentement libre, spécifique, éclairé et univoque » sur lequel insiste fortement le règlement européen sur la protection des données (RGPD).