Silvio Berlusconi à Rome en avril 2018. / TIZIANA FABI / AFP

Sa peine d’inéligibilité terminée, le Cavaliere est de retour. Eternel revenant de la politique italienne depuis vingt-cinq ans, Silvio Berlusconi a annoncé, jeudi 17 janvier, que, malgré ses 82 ans et sa baisse dans les sondages, il serait candidat aux élections européennes en mai.

C’est la première fois qu’il brigue un poste électif depuis sa condamnation pour fraude fiscale en 2013, qui lui avait fait perdre son siège de sénateur et l’avait rendu inéligible. En mai 2018, un tribunal a finalement levé l’interdiction qui le frappait d’exercer un mandat public.

« Au bel âge qui est le mien, j’ai décidé, par sens des responsabilités, d’aller en Europe, où il manque une pensée profonde sur l’avenir du monde », a déclaré l’ancien chef du gouvernement lors d’une réunion de campagne de son parti, Forza Italia (FI, droite), pour des élections régionales en Sardaigne.

« Valeurs occidentales »

Le magnat des médias avait déjà mené la campagne de FI pour les élections législatives de mars dernier en Italie. Il n’avait pu lui-même y participer en raison de sa peine d’inéligibilité.

M. Berlusconi s’était alors fait éclipser par son jeune allié d’alors, Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite), qui l’a dépassé au sein de la coalition (17 % contre 14 % pour FI) lors du scrutin et s’est ensuite allié avec le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), pour gouverner. Le choix de Matteo Salvini a payé : depuis des mois, la Ligue dépasse les 30 % d’intentions de vote dans les sondages, tandis que FI est passé sous la barre des 10 %.

Mais cela ne semble pas avoir découragé le milliardaire, qui a subi une opération à cœur ouvert en 2017 et qui fait toujours l’objet de plusieurs procès pour subornation de témoins après ses soirées libertines, appelées « bunga bunga ».

« Avec ma connaissance, mes expériences et ma capacité à convaincre, je pense pouvoir jouer un rôle important et faire comprendre aux citoyens européens que nous risquons de nous éloigner des valeurs occidentales » et d’être « dominés par un empire chinois dont les convictions et les valeurs sont opposées aux nôtres », a-t-il assuré. Le Caïman, qui a été quatre fois à la tête du gouvernement italien, ne devrait avoir aucun mal à se faire élire sur la liste de son parti.

Toujours attaché à la coalition de droite avec M. Salvini, qui dirige plusieurs régions et grandes villes, M. Berlusconi s’en prend en revanche avec virulence au M5S. Selon lui, ce mouvement est « dirigé par des gens qui n’ont aucune expérience et aucune compétence. Ils sont comme ces messieurs de la gauche communiste en 1994 », lorsque l’homme d’affaires s’était lancé en politique.

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