Brexit : Theresa May tente de convaincre les députés
Brexit : Theresa May tente de convaincre les députés
Le Monde.fr avec AFP
La première ministre britannique doit présenter, lundi 21 janvier, son « plan B » pour le Brexit aux députés, près d’une semaine après le rejet massif de l’accord avec Bruxelles sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
La première ministre britannique, Theresa May, devant le 10 Downing Street, à Londres, le 21 janvier 2019. / ADRIAN DENNIS / AFP
La première ministre britannique, Theresa May, doit présenter, lundi 21 janvier à partir de 15 h 30 GMT (16 h 30 à Paris), son « plan B » pour le Brexit aux députés, près d’une semaine après le rejet massif de l’accord de divorce qu’elle avait âprement négocié avec l’Union européenne (UE).
A dix semaines seulement de la sortie prévue de l’UE, le 29 mars, la dirigeante conservatrice doit trouver une voie pour éviter à la cinquième économie mondiale une rupture sans accord − synonyme de risques de pénurie, d’embouteillages monstres aux abords des ports et d’effondrement de la livre sterling.
Affichant sa volonté de dégager un consensus politique, Mme May a rencontré, au cours des derniers jours, des dirigeants de l’opposition, ainsi que de nombreux députés de son parti et des responsables du Parti unioniste démocrate (DUP) nord-irlandais, son allié au Parlement.
Mais son initiative a fait flop, l’opposition lui reprochant notamment son refus d’écarter l’éventualité d’une sortie de l’UE sans accord et de vouloir jouer la montre pour forcer les députés à accepter son accord.
« Tsunami politique »
Face à ce qu’ils dénoncent comme « l’intransigeance » de Mme May, plusieurs groupes de députés ont prévu de tenter de court-circuiter le gouvernement, en déposant des amendements à son « plan B ». L’un d’eux veut empêcher le scénario d’un « no deal », tandis qu’un autre viserait à suspendre le processus de sortie de l’UE, avant un vote fixé au 29 janvier, à deux mois tout juste du Brexit.
Downing Street a qualifié ces projets d’« extrêmement inquiétants ». Le ministre du commerce extérieur britannique, Liam Fox, a mis en garde contre le risque de « tsunami politique » si les députés ne respectaient pas le résultat du référendum de juin 2016.
Sans succès, l’ex-premier ministre conservateur John Major (1990-1997) a proposé à Mme May de jouer le rôle de « médiatrice » en permettant aux députés de voter sur différentes options afin de déterminer quel scénario de sortie de l’UE peut obtenir le soutien d’une majorité.
Le « plan B » de Theresa May risque de décevoir, selon la presse britannique : il ressemblerait furieusement à l’accord initial.
Lors d’une conférence téléphonique avec ses ministres dimanche soir, Mme May aurait affirmé qu’elle cherchait toujours à faire plier l’UE sur une disposition visant à éviter le rétablissement d’une frontière dure entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord, malgré les refus répétés de Bruxelles de revenir sur ce point très controversé au Royaume-Uni.
Ce « filet de sécurité » (ou backstop en anglais), qui n’entrerait en vigueur qu’à défaut d’autre solution à l’issue d’une période de transition, prévoit une union douanière entre le Royaume-Uni et l’UE, avec, en sus, pour l’Irlande du Nord, un alignement sur certaines réglementations européennes en matière sanitaire et douanière.
Menaces sur la paix
Plusieurs ministres des affaires étrangères européens, réunis lundi à Bruxelles, ont une nouvelle fois prévenu Theresa May que l’accord conclu n’était pas renégociable. De quoi doucher les espoirs de la première ministre britannique.
« Je ne pense pas qu’elle puisse convaincre les députés en leur présentant la même chose avec de légères modifications », a déclaré l’Espagnol Josep Borrell. Pour échapper aux fourches caudines du Parlement, elle doit présenter « quelque chose de substantiellement différent », qui devrait toutefois obtenir l’aval ultérieur de l’UE, a-t-il ajouté.
A Dublin, le ministre des affaires étrangères irlandais, Simon Coveney, a répété dimanche que son pays était « absolument » attaché à l’ensemble du traité. L’explosion d’une voiture piégée samedi à Londonderry, en Irlande du Nord, attribuée par la police au groupe républicain dissident « nouvelle IRA » (Armée républicaine irlandaise), a ravivé les inquiétudes sur les menaces que poserait le retour d’une frontière pour la paix conclue en 1998 après trois décennies d’un conflit sanglant.
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