L’ambassadrice d’Italie convoquée par Paris après des propos de Luigi Di Maio
L’ambassadrice d’Italie convoquée par Paris après des propos de Luigi Di Maio
Le Monde.fr avec AFP
Le vice-président du conseil italien a accusé dimanche la France « d’appauvrir l’Afrique » et d’aggraver la crise migratoire.
Le vice-président du conseil italien, Luigi Di Maio, lors d’une conférence de presse le 17 janvier 2019. / Riccardo Antimiani / AP
L’ambassadrice d’Italie en France a été convoquée, lundi 21 janvier, au ministère des affaires étrangères après des déclarations du vice-président du conseil italien, Luigi Di Maio, accusant la France « d’appauvrir l’Afrique » et d’aggraver la crise migratoire. Des propos « inacceptables et sans objet », déplore-t-on au cabinet de la ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau.
Dimanche, Luigi Di Maio a appelé l’Union européenne à prendre « des sanctions » contre les pays qui, à commencer par la France, sont, selon lui, à l’origine du drame des migrants en Méditerranée en les « faisant partir » d’Afrique. « Si aujourd’hui il y a des gens qui partent, c’est parce que certains pays européens, la France en tête, n’ont jamais cessé de coloniser des dizaines de pays africains », a insisté M. Di Maio, chef politique du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) qui gouverne avec la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini.
« Plus vite il rentre chez lui, mieux ça vaut ! »
Selon M. Di Maio, qui est aussi ministre du développement économique, « il y a des dizaines de pays africains où la France imprime une monnaie, le franc des colonies, et avec cette monnaie elle finance la dette publique française ». « Si la France n’avait pas les colonies africaines, parce que c’est ainsi qu’il faut les appeler, elle serait la quinzième puissance économique mondiale alors qu’elle est parmi les premières grâce à ce qu’elle est en train de faire en Afrique », a-t-il encore argué.
Les relations entre Paris et Rome sont extrêmement tendues depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite alliée aux antisystème en Italie en juin 2018. M. Di Maio et le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, ont récemment apporté de façon très démonstrative leur soutien au mouvement social des « gilets jaunes », qui bouscule la présidence d’Emmanuel Macron depuis plus de deux mois.
Matteo Salvini a accusé le président français de gouverner « contre son peuple » et enfoncé le clou en allant jusqu’à souhaiter son départ : « Plus vite il rentre chez lui, mieux ça vaut ! », a-t-il lancé. Le gouvernement italien réclame aussi à Paris l’extradition de quatorze ressortissants italiens recherchés pour terrorisme depuis les « années de plomb » et en fuite en France.