L’équipage Citroën Ingrassia-Ogier, à la veille du Rallye de Monte-Carlo 2019. / CITROËN

L’élite des pilotes de rallye l’appelait de ses vœux, du Belge de Hyundai Thierry Neuville, au sextuple champion français Sébastien Ogier. Canal+ l’a fait. En se portant acquéreur des droits de retransmission du championnat du monde des rallyes (WRC), la chaîne cryptée signe son retour sur cette compétition après trois années d’absence, avec un dispositif particulier pour les deux courses hexagonales : le Tour de Corse fin mars, et le Monte-Carlo, en ouverture du 24 au 28 janvier.

Canal+ s’est donné les moyens de ce come-back – complété par celui de la MotoGP en mars. Aux commandes, le Monsieur F1 de la chaîne, Thomas Sénécal, et son équipe « de consultants experts et de passionnés », explique-t-il le 21 janvier, tels Julien Fébreau, Stéphane Lefebvre (champion junior 2014), François Delecour, ex-vainqueur du Monte Carlo et du rallye de Corse.

Trois spéciales en clair

Techniquement, trois spéciales sont diffusées en direct et en clair sur Canal+ Sport : la première jeudi 24 janvier à 19 h 30, la 12e samedi 26 entre 14 heures et 15 heures, et la 16e dimanche 27 à partir de 12 heures. Selon que l’on verra le verre à moitié vide ou plein, on regrettera le temps où les dix courses du dernier Rallye de France étaient retransmises, comme en 2015. Ou au contraire saluer l’investissement, qui se justifie principalement par deux évolutions récentes.

Premièrement, la demande existe. Les analystes de Nielsen Sports ont ainsi enregistré, fin octobre 2018, une hausse d’audience sur les courses de rallye de 44 % en 2017, par rapport à la saison 2013, à 13 452 heures de diffusion. A ceux-là s’ajoutent les 3,5 millions de spectateurs venus en personne acclamer les sportifs, en bord de piste ou de route, comme le rappelait le directeur général et promoteur du championnat Olivier Cielsa à l’issue de la saison 2014. « En même temps, ajoutait-il (et c’est la deuxième raison), nous savons que plus de 50 % veulent pouvoir suivre le rallye à la télévision et sur leurs ordinateurs ou mobiles. Il faut donc rendre cela possible. »

Thierry Neuville, ici à Bruxelles le 18 janvier, retrouve chez Hyundai le coéquipier de ses débuts : Sébastien Loeb. / FRANÇOIS LENOIR / REUTERS

Du suspense, du spectacle et des héros

Dès 2015, Oliver Ciesla posait, pour Motorsport.com son diagnostic : « Si je demande à une télévision, au milieu de tout ce football, partout : “S’il vous plaît, donnez-moi une heure d’antenne”, j’ai une responsabilité quant au fait que nous puissions délivrer un bon divertissement. » Ce qu’il garantissait par trois notions propres au WRC : du suspense, du spectacle et des héros.

Pour favoriser le spectacle, le WRC a donc standardisé ses épreuves chronométrées (ou « spéciales »). D’une durée de 60 à 90 minutes, elles sont désormais plus télégéniques. Autre décision : lors du départ, le premier au général ouvre la course – on dit qu’il « balaye » –, au risque d’avoir plus de cailloux, de poussière, d’eau, c’est selon. Ce malus assumé au vainqueur a pour but de réduire les écarts entre concurrents et donc de maintenir le suspense.

Dans le même esprit, la dernière spéciale, qui avait tendance à être « courue d’avance », a été rebaptisée Power Stage et agrémentée d’un bonus de 5 points. Une évolution « hyper positive », selon Thomas Sénécal, dans un championnat de plus en plus serré. Le champion 2018 n’a ainsi été connu qu’à l’issue de la dernière course ; les trois favoris, Sébastien Ogier (M-Sport Ford), Thierry Neuville (Hyundai) et Ott Tanak (Toyota) conservant une chance jusqu’à la fin.

Sébastien Ogier and Julien Ingrassia to return to Citroën Racing
Durée : 00:31

Loeb, « clairement c’est un plus »

Ces acteurs se retrouvent cette semaine dans les paysages impressionnants de l’arrière-pays monégasque pour relever de nouveaux défis. Passé chez Citroën, Sébastien Ogier va tenter de faire gagner l’écurie française, sans victoire depuis 2012. Toujours chez Hyundai, le populaire Thierry Neuville aimerait bien, après trois places de dauphin, accéder à la plus haute marche du podium.

Cerise sur la zappette, le Belge va devoir composer avec son nouveau coéquipier, celui de ses débuts, Sébastien Loeb. A 44 ans, l’Alsacien vient de signer pour deux ans avec l’écurie sud-coréenne, et pour 6 rallyes cette saison. « Clairement c’est un plus », commente Thomas Sénécal. Pourquoi ? « Moins de 36 heures après l’arrivée du Dakar au Pérou, Sébastien Loeb était dans les mêmes temps que Thierry [Neuville] », précise un membre de l’écurie Hyundai. Les héros sont prêts, le spectacle peut commencer.