La filière nucléaire a de quoi se réjouir : les industriels du secteur ont signé, lundi 28 janvier, un contrat stratégique avec le gouvernement, qui prend des engagements en matière de formation, de recherche et développement et de basculement au numérique. Une signature qui intervient quelques jours après l’annonce de la feuille de route énergétique de la France, qui conserve une place de choix au nucléaire pour les dix prochaines années.

Un autre événement a visiblement satisfait les professionnels du secteur : aux côtés de Bruno Le Maire, ministre de l’économie, c’est François de Rugy, ministre de la transition écologique et solidaire et ex-membre d’Europe Ecologie-Les Verts, qui a multiplié les signes positifs à l’égard de la filière.

« Un rééquilibrage dans lequel le nucléaire a toute sa place »

Critique de longue date de l’énergie nucléaire, le ministre a insisté sur le fait que « dans la feuille de route énergétique de la France le nucléaire joue un rôle important », en évoquant la baisse de la part du nucléaire à 50 % de la production d’électricité. Avant de préciser :

« Il ne s’agit pas, je tiens à le dire très clairement, d’une stratégie de sortie du nucléaire, mais d’un rééquilibrage, dans lequel le nucléaire a toute sa place. »
« Le nucléaire (…) présente une production totalement décarbonée »

« Nous considérons que dans la production d’électricité, en France, et sans doute en Europe et dans le monde, le nucléaire peut jouer un rôle, puisqu’il présente une production totalement décarbonée », a rappelé le ministre, qui insiste ainsi sur le fait que les réacteurs en production n’émettent pas de gaz à effet de serre.

Les représentants de la filière nucléaire s’étaient émus, lors de la nomination au ministère de M. de Rugy après la démission de Nicolas Hulot, de l’arrivée à ce poste stratégique d’un opposant au nucléaire. Dans son programme à la primaire de la gauche, en 2017, il plaidait pour une sortie progressive du nucléaire et un passage au 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Quelques jours après son entrée en fonctions, il estimait dans un entretien au Monde que le nucléaire n’était pas une énergie d’avenir. Et précisait en novembre sur Europe 1 :

« [Le réacteur de troisième génération] EPR n’a pas démontré sa fiabilité technologique, sa sécurité et sa compétitivité. (…) Je ne vois pas comment on pourrait décider aujourd’hui de commander de nouveaux EPR. »

En ordre de bataille pour 2021

Lundi, M. de Rugy a rappelé que le gouvernement n’avait pas encore formellement décidé de se lancer dans la construction de nouveaux réacteurs EPR, mais qu’il a demandé à la filière de se mettre en ordre de bataille pour présenter un plan en 2021. Une manière d’en faire un sujet de campagne pour la présidentielle de 2022 :

« Nous avons voulu que les données puissent être mises sur la table pour qu’un choix politique puisse être fait de la façon la plus démocratique qui soit. »

Le chantier de l’EPR de Flamanville, qui a débuté en 2007, a connu une très forte dérive des coûts ; la mise en service du réacteur devrait intervenir en 2020 – dix ans après la date prévue. L’Autorité de sûreté nucléaire doit encore délivrer des autorisations à propos de soudures sur lesquelles des anomalies ont été repérées. Sur ce sujet, François de Rugy a assuré vouloir sortir « des polémiques sans fin ». « Il y a eu une inflation sur le coût et cela ne représente pas la réalité du coût pour un futur programme », a ajouté le ministre.

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a lui précisé qu’il relève de « la sagesse d’attendre que Flamanville ait fait la preuve de son fonctionnement avant d’engager des décisions sur le nouveau nucléaire ». Il a ainsi estimé que la mise en service de Flamanville servirait de « date de référence ».