Au Cameroun, le premier opposant du pays, Maurice Kamto, arrêté
Au Cameroun, le premier opposant du pays, Maurice Kamto, arrêté
Une « réunion de crise » est en cours au Mouvement pour la renaissance du Cameroun, dont plusieurs cadres et soutiens ont été arrêtés depuis samedi.
Maurice Kamto, le 30 septembre à Yaoundé. / MARCO LONGARI / AFP
L’opposant camerounais Maurice Kamto, arrivé deuxième à l’élection présidentielle d’octobre et qui revendique toujours la victoire dans les urnes, a été arrêté, lundi 28 janvier, à Douala, a annoncé le vice-président de son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
« M. Kamto a été arrêté au domicile d’Albert Dzongang (un de ses soutiens), il a été conduit à la police judiciaire de Douala », a déclaré Emmanuel Simh, confirmant une information d’une source proche des autorités de Douala. Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka, un économiste soutien de Maurice Kamto, ont aussi été arrêtés.
« Réunion de crise »
Après ces arrestations, environ 300 personnes se sont massées autour de la maison de M. Dzongang, selon un journaliste de l’Agence France-Presse sur place. Des tirs en l’air ont dispersé la foule. Une « réunion de crise » est en cours au MRC, dont plusieurs cadres et soutiens ont été arrêtés depuis samedi.
Le parti avait appelé à des marches contre la réélection de Paul Biya, 85 ans, dont trente-six au pouvoir. Depuis l’annonce des résultats, fin octobre, Maurice Kamto n’a cessé de dénoncer un « hold-up électoral ». Samedi, 117 personnes ont été arrêtées lors de ces marches dans plusieurs villes du pays, dont Yaoundé, Douala et Bafoussam. L’ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue, et le célèbre rappeur pro-Kamto Valsero font partie des personnes interpellées samedi.
« Le MRC a franchi la ligne rouge et a débordé le seuil de la tolérance », avait déclaré, samedi soir, le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga-Nji, en conférence de presse. L’ex-candidat du MRC Maurice Kamto revendique toujours la victoire après être officiellement arrivé deuxième dans les urnes (14,23 % des suffrages) derrière Paul Biya, réélu avec 71,2 % des voix.
Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-Etat, le RDPC, qu’il a créé en 1985.