Le Grand Paris cherche toujours sa gouvernance
Le Grand Paris cherche toujours sa gouvernance
Par Laetitia Van Eeckhout
Avec la perspective du Grand Paris se pose la question de l’organisation institutionnelle de la métropole, toujours pas tranchée. Et qui risque de rester au point mort jusqu’en 2020, date des élections municipales.
Vue aérienne de Paris. / GERARD JULIEN/AFP
Annoncée dès décembre 2017 à l’occasion de la Conférence nationale des territoires, la réforme territoriale et de la gouvernance de la Métropole du Grand Paris demeure en suspens, toujours dans l’attente d’un arbitrage qu’Emmanuel Macron fait attendre depuis lors.
Dernier épisode en date, la publication, en septembre 2018, d’un rapport commandé en juin par le président à l’architecte Roland Castro. Ce rapport qui, selon la lettre de mission adressée à l’urbaniste, devait s’intéresser aux « enjeux du Grand Paris (…) au moment de réorienter une partie de l’organisation institutionnelle du Grand Paris, devenue trop complexe », propose avant tout une série de projets opérationnels. Il n’a pas été davantage d’effets que le rapport initial du préfet Cadot, qui s’attachait à « simplifier et rationaliser » l’organisation de la métropole, et préconisait de supprimer les conseils départementaux concernés (92, 93, et 94). Si bien que, aujourd’hui, beaucoup d’observateurs ne voient pas d’issue avant 2020, compte tenu du risque politique des municipales, tant les élus restent jaloux de leurs prérogatives.
Pour l’heure, la Métropole du Grand Paris demeure donc une énième strate du mille-feuilles francilien, qui compte cinq niveaux d’administration : commune-département de Paris, établissements publics territoriaux (intercommunalités), départements, métropole et région. Un enchevêtrement qui n’est pas vecteur de simplification.
Quelle proximité avec les habitants ?
Sans attendre le big bang, certains en appellent à dépasser la question du périmètre de la métropole pour trouver avant tout les moyens de faire vivre le dialogue entre les territoires dans une dynamique de projets. Par exemple en créant, comme le propose Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris chargé de l’urbanisme, du développement économique et de l’attractivité, une « conférence des parties », sur le modèle de la COP pour le climat. Cette dernière aurait un pouvoir de décision et d’orientation, et devrait rassembler non seulement les collectivités, mais aussi les associations, les entreprises et les citoyens. Le maire LR de Nogent-sur-Marne et président du territoire Paris Est Marne & Bois, Jacques J. P. Martin, plaide, lui, pour un « forum des territoires », afin d’ancrer la métropole « dans la proximité avec les habitants ».
Frédéric Gilli, géographe et codirecteur de Grand Public, spécialisé dans la démocratie participative, relève lui aussi ce déficit démocratique lorsqu’il s’agit de projets concrets : « Les débats publics organisés autour du Grand Paris Express n’ont été qu’une caution pour donner une touche “habitants” au projet. Ils se sont limités à un débat technique. » Quels impacts sur la vie des habitants ? La question n’est jamais à l’agenda, quel que soit le projet d’aménagement, observe Frédéric Gilli, pour qui, au-delà du grand mercato, « il y a un vrai enjeu à construire les espaces où puisse être débattue avec les citoyens cette question-clé : dans quel Grand Paris veut-on vivre ? ».
A qui profite Paris ? Une conférence du « Monde » à Paris le 30 janvier
A l’occasion du lancement des prix de l’innovation « Le Monde Cities », une matinée de débats sur la capitale est organisée mercredi 30 janvier, à Paris.
Espace de coworking WeWork (Paris IXe), de 8 h 30 à 12 h 30.
Inscription ici (entrée libre)
Entreprises, investisseurs, pôles de recherche… L’attractivité de Paris ne cesse de croître. La capitale figure en 2018 parmi les villes les plus attractives, derrière New York et Londres. En dix ans se sont implantés dans le Grand Paris quelque 600 tiers lieux, dont plus d’une centaine d’incubateurs. Mais elle souffre aussi d’une crise du logement, accessible seulement aux plus riches. Le mètre carré y est deux fois plus cher qu’à Lyon, quatre fois plus cher qu’à Marseille. Créatrices de nouveaux services, mais aussi d’emplois précaires, les applications de partage déstabilisent les politiques de la ville.
A qui profite Paris ? Peut-on encore transformer la capitale ? Ces questions seront au cœur de la matinée de débats organisée par Le Monde, mercredi 30 janvier, à l’occasion du lancement des prix de l’innovation « Le Monde Cities ».