Grand débat : le gouvernement se cherche des petites mains pour retranscrire les doléances
Grand débat : le gouvernement se cherche des petites mains pour retranscrire les doléances
Le Monde.fr avec AFP
Un appel d’offres prévoit une quantité « minimum » de 300 000 pages A4 de doléances à rentrer informatiquement dans le cadre du débat national voulu par Emmanuel Macron.
Que vont devenir les milliers de doléances citoyennes collectées dans le cadre du grand débat ? Le gouvernement vient de lancer un chantier pharaonique pour faire transcrire, dans « l’urgence », en fichiers numériques, toutes les doléances citoyennes inscrites dans les cahiers en mairies.
Un appel d’offres, diffusé au Bulletin officiel jeudi 31 janvier sous le titre « transcription de documents en fichiers numériques », prévoit une quantité « minimum » de 300 000 pages A4 de doléances à rentrer informatiquement dans le cadre du débat national voulu par Emmanuel Macron et lancé il y a quinze jours. Une estimation seulement, puisque en ce qui concerne la quantité, l’appel est lancé « sans maximum ».
« Enorme scepticisme »
« Toutes les contributions doivent être prises en compte de manière équitable, quelle qu’en soit la forme, est-il encore précisé. Le gouvernement a annoncé que les conclusions tirées de ces contributions doivent être publiées en avril 2019. Certaines contributions (notamment manuscrites) doivent au préalable être retranscrites in extenso dans un format électronique directement exploitable. » Pour respecter ce calendrier, « le marché qui en découle doit être notifié dans un délai très court ». Les entreprises ont jusqu’au 15 février pour répondre à l’appel.
La question cruciale de la restitution des débats alimente la méfiance des Français : qui analysera la masse de données récoltée, et qui en fera la synthèse ? Leur traitement informatique « suscite un énorme scepticisme », relève le politologue Pascal Perrineau, nommé parmi les cinq « garants » du grand débat, qui souligne la « défiance démocratique littéralement gigantesque » dans le pays.
Pour l’heure, plus de trois mille rencontres et débats sont programmés d’ici à la mi-mars ou ont déjà eu lieu, selon des données disponibles ce vendredi. Près de 1,3 million de visiteurs se sont rendus sur le site officiel « granddebat.fr » et 580 000 contributions y ont été déposées, s’ajoutant aux contributions dans les « cahiers de doléances » ouverts en mairies.
Emmanuel Macron dans l’Essonne
Pour la cinquième fois depuis le 15 janvier, Emmanuel Macron se rendra sur le terrain lundi après-midi. Après les zones rurales ou périurbaines, le chef de l’Etat a choisi de se rendre en banlieue parisienne, à Evry-Courcouronnes (Essonne) pour rencontrer environ trois cents élus et représentants d’associations d’Ile-de-France et évoquer notamment la politique de la ville, a indiqué l’Elysée. De son côté, le premier ministre, Edouard Philippe, recevra syndicats de salariés et patronat mercredi pour évoquer leur place dans le grand débat, alors que leur participation est, pour l’heure, restée limitée.
Si l’exécutif se félicite de la « montée en puissance » du grand débat national, la méfiance des Français reste vive, notamment sur l’après-débat. Selon un sondage Elabe pour BFMTV (réalisé auprès de 1 006 personnes interrogées le 14 janvier), 66 % des Français pensent que le grand débat ne marquera pas un changement de style ni de méthode dans le quinquennat.
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