Un nouveau parcours sportif géant verra le jour à Paris. Quarante kilomètres accessibles jour et nuit pour tous ceux qui veulent courir, marcher, danser, en s’aérant la tête et les poumons. Telle est du moins la promesse de la municipalité. « D’ici à 2024, nous ferons de la ceinture verte le prochain grand parcours sportif des Parisiens », assure Jean-François Martins, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des sports. Entre les boulevards des Maréchaux et les limites de la commune, les élus parisiens prévoient d’aménager sur les trottoirs, parvis et terre-pleins une promenade urbaine, plantée, agrémentée de fontaines, de toilettes, d’agrès, de murs d’escalade, etc. Les sportifs pourront ainsi faire le tour de la ville en courant.

Un exemple parfait de la façon dont la Mairie de Paris entend développer la pratique sportive malgré le manque d’espace. Sur le papier, l’équation paraît ardue à résoudre. Paris est une ville historiquement sous-équipée en matière sportive. Quand la pratique du sport s’y est vraiment développée, à la fin du XIXe siècle, l’époque de l’hygiénisme, la capitale était déjà très dense. Trop pour accueillir de grands équipements, comme les stades, qui ont été presque tous rejetés aux lisières de la commune.

Un pont-gymnase au-dessus du périphérique

A présent, les stades, gymnases et autres dojos sont utilisés à plein, et la ville bute sur le manque de place pour en implanter de nouveaux. Impossible, par exemple, d’envisager un nouveau stade intra-muros. Résultat, « pour les Parisiens, il est difficile de faire du sport : passé fin septembre, il n’y a plus de place pour s’inscrire », constate Pierre Auriacombe, élu PPCI (macronistes de droite) du XVIe arrondissement et ancien rugbyman.

« Si l’on veut que les Parisiens fassent plus de sport, et que les femmes pratiquent elles aussi, il faut trouver des mètres carrés, résume Jean-François Martins. C’est la mère de toutes les batailles. »

Comment faire ? L’équipe municipale vient de fixer sa doctrine dans un document qui sera débattu au Conseil de Paris lundi 4 février, et qui fait l’objet d’un relatif consensus politique. A ses yeux, la solution consiste à utiliser au mieux le moindre mètre carré disponible. Et notamment à transformer en espaces sportifs des lieux qui n’y étaient pas destinés, comme la ceinture verte. Ou certaines grandes places. Au printemps, la Mairie compte ainsi organiser des cours collectifs gratuits de zumba et de gymnastique place de la Nation ou place des Fêtes.

Des opérations ont aussi été lancées pour reconvertir en petites salles de sport des parkings inutilisés. Rue du Maroc, dans le XIXe arrondissement, un parking souterrain de trente-sept places doit ainsi être remplacé sous peu par un dojo couplé à une salle de boxe. Autre projet, très symbolique de cette recherche d’espace à tout prix : la construction d’un grand pont-gymnase qui enjambera le boulevard périphérique, porte de Vincennes. Livraison prévue en 2020.

Une piscine abandonnée dans un lycée

La Mairie entend également mieux rentabiliser les équipements actuels. Par exemple en laissant dans les grands gymnases uniquement les sports collectifs, comme le football ou le rugby, qui nécessitent beaucoup de place, et en transférant les cours de boxe, de gym douce, etc., vers de plus petites salles spécialisées. En couvrant certains terrains extérieurs, afin de les utiliser quelle que soit la météo. Ou encore en ouvrant au public, hors temps scolaire, des salles situées dans certains collèges et lycées. A l’occasion de cette recherche, les élus ont d’ailleurs repéré une piscine abandonnée dans un lycée du centre, et ne désespèrent pas de la remettre en état.

Une autre mesure consiste à élargir encore les horaires d’ouverture, au-delà de 22 h 30 le soir, et de 18 heures le dimanche. Les textes vont en principe être modifiés en ce sens par le Conseil de Paris. « Nous ferons confiance aux clubs qui gèrent les lieux en cause, en leur laissant les clés », annonce Jean-François Martins.

Pour l’adjoint d’Anne Hidalgo, les clubs doivent en effet devenir la pierre angulaire du sport parisien. Pas question de favoriser outre mesure le sport business et les salles de gym privées qui pullulent. La gauche plurielle au pouvoir dans la capitale veut privilégier le modèle associatif et les clubs, présentés comme des structures vertueuses de socialisation et d’éducation populaire. « Un stade de foot, c’est un lieu où toutes les classes sociales se retrouvent, il faut favoriser cela », juge-t-on à l’Hôtel de ville. La municipalité entend donc faciliter la vie des clubs. Les procédures leur permettant de réserver des créneaux horaires vont être simplifiées. En outre, dix-sept buvettes devraient être créées en un an dans les lieux exploités par les clubs « pour leur permettre de mieux accueillir les familles, et d’avoir quelques recettes supplémentaires ». Le sport, c’est aussi la troisième mi-temps.