Il verra finalement jour. Mais avec des aménagements. Elisabeth Borne, la ministre des transports, confirme, mardi 5 février, la construction du CDG Express, train rapide censé relier Paris à l’aéroport de Roissy à temps pour les Jeux olympiques de 2024, assurant que « ça ne se fera pas au détriment des transports du quotidien », et notamment du RER B.

« Le contrat de concession sera signé dans les prochains jours » avec le gestionnaire d’infrastructure détenu à parts égales par ADP, SNCF Réseau et la Caisse des dépôts, précise Mme Borne dans une interview au Parisien. « C’est indispensable pour pouvoir donner le coup d’envoi des travaux sans perdre de temps », ajoute-t-elle, estimant que « le projet de CDG Express est nécessaire pour Paris et pour toute l’Ile-de-France ».

Le CDG Express doit théoriquement relier, à partir du 1er janvier 2024, la gare de l’Est, dans le centre de Paris, au terminal 2 de l’aéroport de Roissy. Le trajet, long de 32 kilomètres, doit durer vingt minutes et coûter 24 euros.

Mais ce projet est contesté par de nombreux habitants et élus d’Ile-de-France qui craignent notamment que les travaux ne perturbent trop les lignes de trains de banlieue au nord de Paris, en particulier le RER B. « Il y a un nombre de chantiers très importants, avec quinze projets majeurs d’après SNCF Réseau. Le CDG Express n’est qu’une petite partie du sujet », relève la ministre.

Prêt pour les JO de 2024

« Le préfet de région [Michel Cadot] a été chargé d’une mission sur le calendrier des travaux. Il remettra ses conclusions fin mars ou début avril. Il dira clairement quels sont les éventuels ajustements qui pourront être nécessaires dans l’organisation des chantiers », indique la ministre, ajoutant qu’il faudra, le cas échéant, « faire des priorisations ».

Mme Borne rappelle au passage que plus de 500 millions d’euros, sur le 1,8 milliard que doit coûter le projet de CDG Express, iront à l’amélioration du RER B.

Quant à une ouverture à temps pour les JO de 2024, « à l’heure actuelle, SNCF Réseau nous dit que cette date est tenable », constate Mme Borne. « Aujourd’hui, l’objectif est de mettre en service pour les JO, mais ça ne se fera pas au détriment des transports du quotidien », souligne la ministre.

Le Sénat s’oppose à la privatisation d’ADP

Pour sa part, le Sénat s’est opposé, mardi, au terme d’un long débat parfois houleux, au projet de privatisation du groupe ADP (Aéroports de Paris). Dans le cadre de l’examen en première lecture du projet de loi Pacte sur la croissance des entreprises, les sénateurs ont adopté, par 246 voix (dont LR, PS et CRCE, à majorité communiste) contre 78, des amendements de suppression de l’article 44 modifiant le régime juridique d’ADP et ouvrant la voie à sa privatisation. Le dernier mot reviendra cependant à l’Assemblée nationale, qui avait adopté cet article en première lecture.

L’Etat est jusqu’ici tenu de conserver la majorité des parts du groupe ADP. Le projet de loi Pacte lui permettra, une fois adopté, de procéder à la vente au privé de tout ou partie des actifs qu’il détient dans le groupe aéroportuaire, soit 50,63 % des parts, qui représentent quelque 9,5 milliards d’euros. La future privatisation d’ADP doit prendre la forme d’une concession pour soixante-dix ans.

Le produit des cessions d’actifs d’ADP, ainsi qu’une partie de ceux détenus par l’Etat dans la Française des jeux (FDJ) et Engie, devrait être investi en obligations d’Etat et rapporter 250 millions d’euros par an, qui serviront à financer des projets innovants.