« Trisha, profession aborigène » : une contre-histoire corrosive en Australie
« Trisha, profession aborigène » : une contre-histoire corrosive en Australie
Par Mustapha Kessous
La réalisatrice Trisha Morton-Thomas démonte avec humour le mythe d’une « colonisation pacifique ».
Jusqu’ici, son peuple vivait en harmonie avec la nature et avait réussi à bâtir une civilisation respectée par ses voisins. Pendant près de 80 000 ans, ses ancêtres avaient vécu sur leur terre – l’Australie – en paix avec leurs coutumes et leurs lois, sans penser qu’un jour ils pourraient tout perdre. Pourtant, en 1770, pour avoir été l’un des premiers Européens à naviguer le long de la côte est australienne, le capitaine James Cook décida que cette « nouvelle » contrée était désormais la propriété de l’Empire britannique. « Et toute la clique de James Cook s’est installée ici comme chez elle. Quelle honte ! Ils n’ont même pas demandé l’autorisation pour camper », dit Trisha Morton-Thomas.
Cook, « voleur » de leur nation
Depuis cette époque, les Aborigènes considèrent le célèbreexplorateur de la Royal Navy comme le « voleur » de leur nation« au nom du roi George III d’Angleterre ». « Vous voyez, c’est là que tous les problèmes de mon peuple ont commencé », ajoute la réalisatrice de Trisha, profession aborigène.
Dans son film, elle dénonce le mépris des livres d’histoire australiens qui présentent exclusivement le point de vue du « colonisateur blanc ». Et ce mépris est palpable jusque sur son acte de naissance. « Ils ont mal écrit le nom de ma mère, mais ce n’est pas ce qui me rend dingue. La situation professionnelle de ma mère est : aborigène. Je me demande comment on décroche ce boulot », ironise-t-elle.
Après avoir expliqué le titre de son documentaire, elle va, pendant près d’une heure, développer une autre vision de son pays – celle qu’on « n’enseigne pas à l’école » – avec un humour noir très britannique, afin de réinscrire ses semblables dans le récit national. Il en sort un film drôle, parfois maladroit dans son propos mais touchant. L’auteure démonte le mythe d’une « colonisation pacifique » en racontant les massacres des aborigènes aux XVIIIe et XIXe siècles ; elle rappelle à quel point ses aïeux ont été exclus de la vie sociale et politique, et dresse le portrait de quelques personnalités qui ont combattu l’oppression pour revendiquer la reconnaissance de l’identité aborigène.
Ce film est diffusé dans le cadre d’une programmation spéciale « Nuit du FIFO » (Festival international du film documentaire océanien), qui se déroule du 2 au 10 février, à Papeete, à Tahiti.
Trisha, profession aborigène, de Trisha Morton-Thomas (Australie, 2017, 52 min). www.francetvpro.fr