« Un coup de maître » : la galerie n’épate pas
« Un coup de maître » : la galerie n’épate pas
Par Thomas Sotinel
Pour son premier film en solo, l’Argentin Gaston Duprat revient à son sujet favori – l’art contemporain – sur le mode de la caricature à gros traits.
Jusqu’ici le cinéaste argentin Gaston Duprat avait réalisé en duo avec Mariano Cohn une poignée de longs-métrages qui tous tournaient autour des rapports entre l’art et les artistes d’une part, le reste de l’humanité de l’autre. Pour sa première tentative en solo, Duprat laisse tomber la société des béotiens pour ne plus s’intéresser qu’aux créateurs et à ceux qui les entourent. Satire du milieu de l’art contemporain, caricature de la figure de l’artiste maudit, Un coup de maître est une comédie un peu lourde qui ne retrouve que très épisodiquement la verve intellectuelle des films que Duprat a réalisés avec Cohn – L’Homme d’à côté ou Citoyen d’honneur.
Dès le début du film, Arturo Silva (Guillermo Francella), galeriste à Buenos Aires, confesse qu’il a commis un crime. Il faudra une centaine de minutes pour en mesurer la gravité. Entretemps, un long retour en arrière aura fait l’historique de la relation tumultueuse qui unit Arturo Silva, homme d’affaires peu scrupuleux, à Renzo Nervi (Luis Brandoni), peintre figuratif, qui connut une gloire éphémère quarante ans plus tôt, dont la lumière n’en finit pas de baisser.
Rebondissements à répétition
Les rebondissements à répétition du scénario d’Andrès Duprat, frère du réalisateur, tendent tous vers le même point : la gloire et la valeur marchande ne sont que des illusions, la renommée d’un artiste tient à bien peu de choses (être vivant ou pas, être poli avec les mécènes ou pas), seules comptent les relations entre les êtres.
Malgré de louables efforts pour sortir le film de sa zone de confort (entre autres en emmenant les personnages dans le grand Sud argentin) et l’énergie des interprètes (qui se manifeste particulièrement pendant les duos réunissant Luis Brandoni, qui incarne le vieux peintre, et Raul Arevalo, jeune comédien espagnol, qui joue un élève d’une naïveté exaspérante), ces thèses ressemblent trop à des lieux communs pour que ce Coup de maître mérite son titre.
Un coup de maître - Bande annonce VO - Au cinéma le 6 février
Durée : 01:43
Film argentin et espagnol de Gaston Duprat. Avec Guillermo Francella, Luis Brandoni, Raul Arevalo (1 h 41). Sur le Web : www.facebook.com/eurozoom.distributeur