Au Soudan, Omar Al-Bachir adopte un ton plus conciliant envers les manifestants
Au Soudan, Omar Al-Bachir adopte un ton plus conciliant envers les manifestants
Le Monde.fr avec Reuters
Les propos du chef de l’Etat semblent relever d’une nouvelle tactique consistant à faire preuve de souplesse à l’égard des contestataires.
Manifestation antigouvernementale à Omdourman, ville située en face de la capitale soudanaise Khartoum sur le Nil, le 31 janvier 2019. / STRINGER / AFP
Le président du Soudan, Omar Al-Bachir, confronté à des manifestations quasi quotidiennes contre son régime, a adopté un ton plus conciliant envers les contestataires et s’est engagé à remettre en liberté les journalistes en détention. Les propos du chef de l’Etat semblent relever d’une nouvelle tactique consistant à faire preuve de souplesse à l’égard des manifestants, dans la foulée des propos tenus sur le même ton ces jours-ci par le ministre de la défense et le premier ministre.
Le ministre de la défense, Aouad Mohamed Ahmed Ibn Aouf, a déclaré lundi 4 février que les jeunes gens qui participent au mouvement de contestation étaient animés par des « motivations raisonnables ». Quant au premier ministre, Moataz Moussa, il jugeait « légitimes », samedi dernier les appels à une amélioration des conditions de vie.
« La plupart des manifestants sont de jeunes gens que certains facteurs poussent à descendre dans la rue, comme l’inflation (…), les opportunités restreintes de trouver un emploi correspondant aux diplômes obtenus », a déclaré Omar Al-Bachir à des journalistes invités mercredi au palais présidentiel pour une « conversation sur les récents événements ». Ces propos contrastent nettement avec ceux que le même Al-Bachir tenait voici quelque temps lorsqu’ils demandaient aux « rats de regagner leurs trous ».
Un bilan de 45 morts selon des ONG
Omar Al-Bachir a mis cependant en garde mercredi contre toute déstabilisation de l’Etat soudanais, disant à cet égard : « Vous pouvez voir ce qui s’est passé en Libye », en référence à ce pays en proie au chaos depuis l’insurrection qui a abouti en 2011 à la chute du régime du colonel Kadhafi.
Les manifestations ont débuté au Soudan le 19 décembre 2018, en raison d’un triplement du prix du pain et d’autres difficultés économiques, et elles ont tourné peu à peu à un mouvement de contestation contre le président Al-Bachir, au pouvoir depuis 1989. Les forces de police ont fait usage de gaz lacrymogènes et ont parfois tiré à balles réelles pour disperser les manifestants. Le gouvernement avance un bilan de 30 tués depuis le début des troubles, tandis que les ONG de défense des droits humains parlent de 45 morts.
Des opposants politiques, des acteurs de la société civile et des journalistes ont été placés en détention. Le président Al-Bachir a assuré mercredi que tous les journalistes internés en lien avec les manifestations allaient recouvrer la liberté. Les défenseurs des droits humains estiment que 16 journalistes se sont ainsi retrouvés derrière les barreaux depuis le 19 décembre.