Prothèses mammaires texturées : une interdiction généralisée n’est pas justifiée, jugent les experts
Prothèses mammaires texturées : une interdiction généralisée n’est pas justifiée, jugent les experts
Le Monde.fr avec AFP
Une quinzaine de femmes porteuses de prothèses ont décidé d’aller plus loin et de saisir la justice pour demander des comptes aux autorités et aux fabricants.
C’est pourquoi l’ANSM a mis en place ce comité pour entendre toutes les parties prenantes jeudi et vendredi. / MIGUEL MEDINA / AFP
Le comité d’experts mis sur pied par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) affirme, vendredi 8 février, qu’il n’est pas justifié d’interdire en bloc tous les implants mammaires texturés, type de prothèses soupçonné de favoriser une forme rare de cancer. Il se range à l’avis des chirurgiens esthétiques.
Ce comité demande en revanche l’interdiction du principal modèle mis en cause dans la survenue de lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC), les Biocell de la société Allergan.
Dans le cadre de la chirurgie reconstructrice (après un cancer du sein), « l’utilisation des implants texturés n’est pas indispensable, mais demeure indiquée dans un certain nombre de situations », a rappelé le comité dans un avis rendu public par l’ANSM. « Dans le cadre de la chirurgie esthétique, l’utilisation des implants texturés n’est pas indispensable mais peut rester une option parmi d’autres dans un certain nombre de situations », ajoute le comité.
Dans les deux cas, les implants texturés, qui représentent 83 % du marché français, peuvent apporter un « bénéfice avéré » en termes de « forme anatomique, de stabilité » et de réduction des risques de rétractation des tissus autour de la prothèse, selon le comité.
Cinquante-six cas de LAGC
Depuis 2011, cinquante-six cas de LAGC ont été recensés chez des femmes porteuses d’implants mammaires. Trois en sont mortes. La quasi-totalité des patientes touchées par ce lymphome rare et agressif étaient porteuses d’implants à surface texturée. Une quinzaine de femmes porteuses de prothèses ont décidé d’aller plus loin et de saisir la justice pour demander des comptes aux autorités et aux fabricants. C’est pourquoi l’ANSM a mis en place ce comité pour entendre toutes les parties prenantes jeudi et vendredi.
Si une interdiction globale n’est, selon lui, pas opportune, le comité juge qu’il « convient d’interdire le recours à la texture Biocell d’Allergan ». Pour autant, il ne recommande pas de retrait préventif pour les femmes qui en portent déjà.
Dans les faits, les Biocell d’Allergan ne sont déjà plus disponibles. Le fabricant américain a dû les retirer du marché à la mi-décembre après avoir perdu le marquage CE, qui permet de les vendre en Europe. Le laboratoire n’avait pas présenté les données additionnelles demandées par l’organisme certificateur dans les délais impartis.