Le camp de rétention de réfugiés de l’île Christmas en Australie. / CC BY 2.0

Le premier ministre australien Scott Morrison a annoncé mercredi 13 février la réouverture du camp de rétention de réfugiés de l’île Christmas, durcissant sa politique migratoire suite une défaite historique au Parlement. Il a justifié sa décision de rouvrir ce centre de rétention, fermé en octobre 2018, par la nécessité de « gérer la probabilité d’arrivée » d’un nombre croissant de migrants.

L’île Christmas se trouve à 2 300 kilomètres au nord-ouest de Perth, capitale de l’Etat d’Australie-occidentale. Ouvert en 2008, son camp a été le théâtre d’émeutes, de suicides ou encore d’actes d’automutilation.

Traitement médical des demandeurs d’asile

La mesure est intervenue après que le chef du gouvernement eut essuyé la veille une défaite historique au Parlement concernant le traitement médical des demandeurs d’asile détenus dans des camps offshore, ce qui risque de multiplier les appels en faveur d’élections législatives anticipées.

En dépit d’une très forte implication personnelle de M. Morrison, l’opposition travailliste est parvenue, avec l’aide des indépendants, à faire passer à la Chambre des représentants par 75 voix contre 74 une loi portant des amendements controversés sur ce sujet.

C’est la première fois depuis 1929 qu’un gouvernement australien perd un vote au Parlement sur une loi considérée comme majeure. Des applaudissements et des vivats ont émané des galeries de la chambre à l’annonce du résultat à Canberra.

M. Morrison, qui avait pris le pouvoir en août à l’issue d’un putsch interne à son Parti libéral aux dépens du modéré Malcolm Turnbull, a perdu par la suite sa majorité quand son prédécesseur a choisi de ne pas se présenter à nouveau et que sa circonscription a été remportée par l’indépendante Kerryn Phelps.

Une politique très restrictive mise en œuvre en 2013

Les amendements que l’opposition est parvenue à faire voter mardi portent notamment sur la possibilité pour les médecins de décider du transfert en Australie, pour y être soignés, des demandeurs d’asile relégués dans des centres de rétention offshore.

Le gouvernement, qui mène depuis plusieurs années une politique extrêmement dure vis-à-vis des clandestins ayant tenté illégalement de gagner le pays en bateau, a immédiatement martelé qu’il ne permettra jamais que ces derniers mettent un pied sur le territoire.

Canberra est vivement critiqué pour sa politique très restrictive mise en œuvre en 2013 par les conservateurs et qui consiste à repousser systématiquement les bateaux de réfugiés tentant de gagner ses côtes. Les migrants qui y parviennent sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps de rétention le temps que leur demande d’asile soit instruite.

Le gouvernement australien justifie sa politique contre les réfugiés par la nécessité de lutter contre les gangs de passeurs et de dissuader les migrants tentant la périlleuse traversée.