Angelich, Degout, Berlioz… La musique classique a remis ses Victoires
Angelich, Degout, Berlioz... La musique classique a remis ses Victoires
Par Marie-Aude Roux
Thibaut Garcia, Nicholas Angelich, Stéphane Degout, Eléonore Pancrazi et Guillaume Connesson ont été distingués, le 13 février, lors de la 26e édition.
La Seine musicale a accueilli, mercredi 13 février, la cérémonie des Victoires de la musique classique diffusée en direct sur France 3 et France Musique. Trois heures d’un concert géant célébrant à la fois la musique et ses lauréats, compartimentés en six catégories. En voici les lauréats :
- Catégorie « Soliste instrumental » : Nicholas Angelich (piano)
La triangulaire se joue entre deux pianistes de talent, Bertrand Chamayou (37 ans) et Nicholas Angelich (48 ans), face au violoncelle de Jean-Guihen Queyras (51 ans), sans conteste l’un des meilleurs de sa génération. Tous trois ont déjà récolté au moins une fois la palme : Queyras en 2008, Chamayou par deux fois en 2011 et 2016. Déjà récipiendaire en 2013, Nicholas Angelich l’emporte à nouveau, une récompense qui distingue l’art supérieur de cet artiste transcendant (Beethoven, Brahms).
- Catégorie « Artiste lyrique » : Stéphane Degout (baryton)
Les trois chanteurs nommés ont eu une année particulièrement riche. La soprano Elsa Dreisig (28 ans), dont le premier disque, Miroir(s), paru chez Erato, a fait un carton tandis qu’elle multipliait les prises de rôle à l’Opéra de Berlin. De même sa consœur, la soprano Sandrine Piau (53 ans), dont chaque apparition scénique ou enregistrement discographique est un événement. Mais c’est le baryton Stéphane Degout (43 ans) qui ceint les lauriers. Du Don Carlos de Verdi en mars à l’Opéra de Lyon au rôle-titre d’Hamlet, d’Ambroise Thomas, à l’Opéra-Comique, en passant par la création mondiale de Lessons in Love & Violence, le nouvel opéra de George Benjamin au Covent Garden de Londres en mai dernier, le Lyonnais a fait un sans-faute. Il vient aussi de chanter dans Les Troyens de Berlioz à l’Opéra de Paris, le rôle de Chorèbe qu’il interprète dans l’enregistrement couronné par les Victoires de la musique 2019.
- Catégorie « Enregistrement de l’année » : « Les Troyens » de Berlioz
Les Troyens d’anthologie – année Berlioz oblige – disque paru chez Warner Classics, réunit un impressionnant plateau vocal, de Joyce DiDonato à Marie-Nicole Lemieux, en passant par Michael Spyres, Stéphane Degout, Nicolas Courjal, sous la direction de John Nelson. L’album a recueilli les suffrages du « Meilleur enregistrement 2018 » devant le merveilleux Pêcheurs de perles, de Bizet, gravé par Pentatone (avec Julie Fuchs, Cyrille Dubois et Florian Sempey, sous la direction d’Alexandre Bloch), et le magnifique album de Sandrine Piau, Chimère, un florilège de mélodies, lieder et songs de Schumann, Debussy, Wolf, Poulenc, Barber, enregistré avec sa complice, la pianiste Susan Manoff, chez Alpha Classics.
La mezzo-soprano Eléonore Pancrazi rrécompensée lors de la 26e cérémonie des Victoires de la musique classique à La Seine musicale à Boulogne-Billancourt, le 13 février. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
- Catégorie « Révélation artiste lyrique » : Eléonore Pancrazi (mezzo-soprano)
Cette première distinction a mis en lumière la plupart des artistes qui font l’actualité de la scène lyrique. Parmi les trois nommés, un baryton-basse et deux mezzos. Guilhem Worms (28 ans), natif de Milly-la-Forêt, appartenait à la distribution « jeunes talents » du Barbier de Séville présenté au Théâtre des Champs-Elysées en décembre 2017. De même qu’Eléanore Pancrazi (28 ans), native d’Ajaccio et diplômée de l’Ecole Normale de Musique de Paris : c’est elle qui remporte le trophée devant la mezzo bretonne, Ambroisine Bré (30 ans), révélation classique de l’ADAMI et lauréate des « Mozart de l’opéra » 2017.
- Catégorie « Compositeur de l’année » : Guillaume Connesson
Guillaume Connesson (48 ans), déjà consacré en 2015, est assurément le plus capé des trois compositeurs qui étaient en lice. Il doit la victoire à Horizons perdus, pour violon et orchestre, créé le 14 septembre à Flagey (Belgique) par Renaud Capuçon qui en est à la fois le commanditaire et le dédicataire, et devance le jeune pianiste et compositeur Jean-Frédéric Neuburger (32 ans), qui vient de jouer son propre Concerto pour piano, le 9 février, dans le cadre du festival Présences, et le très jeune Benjamin Attahir (30 ans le 25 février), qui a vu la création de son Adh dhohr, pour serpent et orchestre le 26 janvier par l’Orchestre national de Lille, où il est compositeur en résidence.
- Catégorie « Révélation soliste instrumental » : Thibaut Garcia (guitariste)
Pierre de touche des Victoires, cette catégorie fait la part belle aux jeunes pianistes, tous deux anciens du Conservatoire de Paris : le Niçois Théo Fouchenneret (24 ans), lauréat du prestigieux Concours de Genève, et le Clermontois Alexandre Kantorow (21 ans), fils du violoniste Jean-Jacques Kantorow, dont le dernier disque, A la russe, paru chez Bis, a fait forte impression. Mais c’est le guitariste prodige, Thibaut Garcia (24 ans), six cordes virtuoses et autant de prix internationaux, qui recueille les faveurs du public. Le Toulousain d’origine espagnole a ranimé le flambeau des Narcisso Yepes et Alexandre Lagoya, comme en témoigne le succès de son disque, Leyendas, interprété sur un instrument de tradition espagnole, paru en 2016, suivi en 2018 de Bach Inspirations, tous deux chez Erato.
Le pianiste Lang Lang (au centre) lors de la 26e cérémonie des Victoires de la musique classique à La Seine musicale à Boulogne-Billancourt, le 13 février. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
- Une Victoire d’honneur : Lang Lang (pianiste)
Elle a été décernée au pianiste chinois (36 ans), pour l’ensemble de sa carrière. Son prochain un disque, Piano Book, est attendu en mars chez Deutsche Grammophon.
Sur le Web : www.francemusique.fr/musique-classique/palmares-des-victoires-de-la-musique-classique-2019-69813