Lycéens de Mantes-la-Jolie interpellés : la « police des polices » saisie d’une enquête judiciaire
Lycéens de Mantes-la-Jolie interpellés : la « police des polices » saisie d’une enquête judiciaire
Le Monde.fr avec AFP
L’avocat de familles plaignantes et du syndicat lycéen UNL s’est dit « dramatiquement effaré qu’il n’y ait pas eu d’enquête judiciaire ouverte depuis deux mois ».
Mantes-la-Jolie : images choquantes de lycéens interpellés par la police
Durée : 01:12
La vidéo, diffusée en décembre, de lycéens à genoux encadrés par des policiers à Mantes-la-Jolie (Yvelines) avait suscité l’indignation. Une enquête préliminaire, confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), a été ouverte par le parquet de Nanterre, a-t-on appris vendredi 15 février auprès de ce dernier. La « police des polices » a été saisie de l’affaire mardi, a précisé la procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis.
L’Union nationale lycéenne (UNL) avait annoncé, le 8 décembre, avoir déposé une plainte pour violences policières à Versailles après l’arrestation de cent cinquante et un adolescents près d’un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines) ; mais l’affaire a été dépaysée à Nanterre début février.
Arié Alimi, avocat de familles plaignantes et du syndicat lycéen, s’est dit « dramatiquement effaré qu’il n’y ait pas eu d’enquête judiciaire ouverte depuis deux mois, ce qui démontre le mépris patent du parquet envers les mineurs victimes, ainsi qu’à l’égard des associations qui se sont constituées parties civiles ». « Compte tenu de la reprise en main globale du parquet par l’exécutif, nous allons saisir un juge d’instruction indépendant » début mars, a-t-il prévenu.
Cent cinquante et un jeunes de 12 à 21 ans
C’est à l’occasion d’une mobilisation nationale des lycéens, le 6 décembre, que cent cinquante et un jeunes âgés de 12 à 21 ans avaient été interpellés près du lycée Saint-Exupéry après des incidents. La vidéo de leur arrestation, genoux au sol et mains sur la tête, avait provoqué un tollé. A l’issue de leur garde à vue, la plupart d’entre eux s’étaient vu notifier de simples rappels à la loi.
Au moins une vingtaine de plaintes pour « actes de torture et de barbarie » et « diffusion illégale » de vidéo de personnes entravées ont été déposées par les familles des jeunes interpellés et d’autres devaient l’être encore, selon Arié Alimi. L’association SOS-Racisme, le syndicat SUD-Education et la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) devaient également se constituer parties civiles, selon lui.
Tout en défendant la régularité des interpellations, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait annoncé peu après les faits qu’une « procédure » serait lancée pour évaluer l’action des forces de l’ordre et identifier l’auteur de la vidéo controversée. Une enquête administrative est parallèlement en cours.
Le Défenseur des droits a également annoncé, le 7 décembre, l’ouverture d’une enquête sur les conditions de ces interpellations.