Catherine Langeais et Raymond Oliver dans l’émission « Art et magie de la cuisine », diffusée le 29 juillet 1957 sur la RTF. Sur ina.fr

LES CHOIX DE LA MATINALE

Pour parfaire un week-end placé sous le signe du soleil, La Matinale vous propose de revisiter votre connaissance des nanars, ces films souvent cultes, « tellement nuls qu’ils en deviennent bons », de rattrapper le dernier épisode de « Top Chef » ou de (re)découvrir les inénarrables recettes de Catherine Langeais et Raymond Oliver.

« So Bad it’s Good » : anatomie du nanar

© BEALL PRODUCTIONS / CANAL+ / © BEALL PRODUCTIONS / CANAL+

Le documentaire que Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan consacrent au « nanar » tente de définir ce qui en fait la nature, le prix et la valeur. A propos de cette dernière, à peu près tout le monde est d’accord : la valeur d’un nanar est inversement proportionnelle à ses qualités de scénario, de mise en scène, de dialogue, de jeu et de filmage. Comme dit la formule anglo-saxonne – qui donne son titre au documentaire : « So Bad It’s Good » (« bon à force d’être mauvais »).

Pour le reste, il peut y avoir des films de série Z (« des films de série B ratés » selon le légendaire réalisateur et producteur Roger Corman) qui ne sont pas des nanars. Car l’essence profonde du genre, ainsi que le définit justement le fondateur du site Internet Nanarland, Régis Brochier – un esprit très avisé en la matière –, c’est la distance qui existe entre le projet d’un film et la réalité de son résultat.

Ainsi, la série Sharknado (2013-2018), dont il est assez longtemps question dans So Bad It’s Good, est hors-sujet : les six films de tornades de requins d’Anthony C. Ferrante sont des nanars conscients et conçus comme tels. Le film d’un célèbre philosophe français en chemise blanche est juste cité, mais on comprend qu’il correspond en revanche pleinement au pur esprit du nanar : plus haut vole la prétention, plus bas atterrit le gadin.

Les propos des intervenants sont intéressants (la cinéphilie de niche est toujours passionnante) mais le visionnage de ce documentaire doit être complété par celui des formidables épisodes de la série d’Arte Nanaroscope, réalisés par Régis Brochier, à propos des « sublimes accidents » que sont les nanars mais aussi des « métananars opportunistes. »

« So Bad It’s Good », documentaire de Stéphane Bergouhnioux et Jean-Marie Nizan. Avec Roger Corman, Judd Apatow, Xavier Giannoli, Nicolas Winding Refn, Jean-François Rauger, Régis Brochier (France, 2018, 52 min.). MyCanal et Canal+ replay.

« Top Chef », toujours aussi addictif

Le chef Jean François Piège et les candidats , Alexia, Camille, Florian, Mérouan et Damien dans la saison 10 de  « Top Chef » / MARIE ETCHEGOYEN / M6

La saison 10 du fameux concours culinaire a commencé il y a quinze jours – chaque mercredi soir sur M6 –, avec son lot de jeunes candidats « chauds bouillants » (variante : « chauds patate »), qui « ne lâchent rien », ses quatre (au lieu de trois auparavant) accompagnants que sont les chefs Hélène Darroze, Philippe Etchebest, Michel Sarran et Jean-François Piège qui cornaquent chacun une équipe de trois candidats parmi lesquels ils espèrent mener l’un d’entre eux à la finale.

A peine commencée, l’émission charrie déjà les polémiques habituelles, relayées notamment par les réseaux sociaux. Un candidat, belge, d’une prétention infinie et dont l’antipathie qu’il a spontanément suscitée semble avoir été voulue, accuse la production d’avoir manipulé son image par un montage opportun… Un autre, n’ayant réalisé en « Dernière chance » (épreuve de rattrapage) qu’un simple ananas rôti, pourtant goûté à l’aveugle, est suspecté d’avoir été pistonné...

Il y a d’évidence des « rôles », des « emplois » attribués, comme chaque saison, à certains candidats : le beau gosse (que l’on voit naturellement torse nu dès le premier épisode), le marrant, le hâbleur, le sérieux, le « bon gars » un peu campagnard, la fille discrète, la culottée, etc. Oui, « Top Chef » est une émission de télé-réalité, très mise en scène, probablement machinée, mais cela reste un spectacle dont on ne se lasse pas...

« Top Chef » (France, 2009, 130 min.) M6 replay.

Catherine et Raymond ou l’art de la recette « vintage »

Les crêpes (avec beaucoup d'alcool) de Raymond Oliver | Archive INA
Durée : 03:14

Le duo que constituaient la speakerine Catherine Langeais et le cuisinier Raymond Oliver fut la vedette d’une émission culinaire phare, Art et magie de la cuisine (1954-1967).

En général, la légendaire présentatrice de l’ORTF arrivait à peine à en placer une, face au bagout incessant (et souvent condescendant) du cuisinier girondin, comme on peut le constater dans les nombreuses émissions mises en ligne par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sur son site Internet et sa chaîne YouTube : Raymond, grosse voix rocailleuse à accent, fait ce qu’il veut, comme il veut, rouscaille et coupe purement et simplement la parole à la pauvre Catherine.

On invitera en particulier à voir ou à revoir la recette de la pâte à crêpe ou celle des cocktails d’été où l’on voit Catherine Langeais (faussement ?) horrifiée par les litrons d’alcool que la main lourde, très lourde, de Raymond laisse couler dans ses préparations...

https://sites.ina.fr.