La sélection séries TV du « Monde »
La sélection séries TV du « Monde »
Chaque mardi, « La Matinale » vous propose un choix de séries à (re)découvrir sur petit écran.
LES CHOIX DE LA MATINALE
Cette semaine, Dirty John fait le pari d’adapter un podcast à succès en série, la troisième saison de Crashing ne montre aucun signe de faiblesse, mais Pitch, la nouvelle « shortcom » de Canal+, déçoit.
« Dirty John » : portrait d’un mâle toxique
DIRTY JOHN Bande Annonce VF (Netflix, 2019)
Durée : 01:57
La cinquantaine fringuante, mère de trois grands enfants, Debra vit à Orange County, une station balnéaire chic, où elle dirige avec succès une agence de décoration d’intérieur. En quête d’une belle rencontre, elle multiplie les rendez-vous jusqu’à tomber sur John, anesthésiste décontracté et blagueur. Mais « Dirty » John n’est évidemment pas celui que l’on croit. Menteur, imposteur, arnaqueur, ce faux médecin, vrai infirmier, qui exerce à l’hôpital pour y voler des antidouleurs auxquels il est accro, est rapidement démasqué par Debra et ses deux filles cadettes. Mais Debra a beau avoir découvert les nombreuses plaintes et condamnations rendues contre son conjoint par d’autres femmes, elle hésite à le quitter, préférant le voir comme un drogué appelant à l’aide plutôt que comme un homme malfaisant.
Adaptée d’un podcast à succès du Los Angeles Times, lui-même inspiré d’un fait divers réel, cette série en apparence très classique examine avec une certaine agilité la mécanique d’une relation harceleur-harcelée : on y voit Debra opposer son besoin d’être aimée à l’égoïsme de ses enfants, se heurter à la froideur de la justice, avoir peur de partir, culpabiliser.
Dans la peau de Debra, Connie Britton (l’attachante Nikki de Spin City) incarne sans esbrouffe un personnage tiraillé par des forces contraires. En face, Eric Bana livre une composition sans relief dans le rôle de John mais on retrouvera avec plaisir Julia Garner (actrice très « Netflix », vue notamment dans Maniac et Ozark) et Juno Temple (Vinyl) dans la peau des filles de Debra, deux pestes qui tentent maladroitement de soustraire leur mère à l’emprise de son conjoint. Audrey Fournier
« Dirty John », 8 épisodes de 45 min environ, avec Connie Britton, Eric Bana, Juno Temple, Julia Garner. A la demande sur Netflix.
« Crashing » : Pete Holmes, pitre empêtré
CRASHING Season 3 Official Trailer (HD) Pete Holmes Comedy Series
Durée : 02:25
Deux séries ont cohabité depuis deux ans, traitant chacune de la vie et de la carrière de comiques nord-américains de stand-up : I am Dying Up Here, créée par David Flebotte, et Crashing, créée et interprétée par Pete Holmes. La première (qui se passe à Los Angeles dans les années 1970) mélange acteurs de télévision, de cinéma et de stand-up tandis que la distribution de la seconde (dont l’action se tient aujourd’hui à New York) compte en ses rangs presque exclusivement ces derniers, jouant leur propre rôle. Pete Holmes y fait preuve d’un irrésistible sens de l’autodérision en faisant de son personnage un perdant magnifique, qui s’accroche aux accrocs de la vie avec une candeur touchante.
Alors qu’il fait la tournée des universités, il rencontre un jeune comique de 20 ans, gay et afro-américain (incarné par Jaboukie Young-White dans son propre rôle), qu’il promet d’aider à trouver des engagements à New York. Lors de l’audition que les deux passent au fameux et convoité – autant que redouté – Comedy Cellar, le jeune homme est immédiatement engagé alors que le club ne veut pas de son aîné… Mais Pete fait se tordre de rire un public de synagogue et va faire une tournée dans les cercles chrétiens. Cerise sur le gâteau : il rencontre Kat, une jeune femme (incarnée par la formidable Madeline Wise) qui redynamise sa vie. Les premiers épisodes de cette nouvelle saison sont enchanteurs, d’une fine drôlerie et l’on est ravi de retrouver Pete, le pitre empêtré. Renaud Machart
« Crashing », saison 3. Série créée par Pete Holmes. avec Pete Holmes, Madeline Wise, Jaboukie Young-White, Ray Romano. Sur OCS Go à la demande.
« Pitch » : une « shortcom » à l’humour frelaté
PITCH - La bande annonce
Durée : 00:45
Epuisé par le visionnage de cinq des quinze épisodes, pourtant courts, de Pitch – disponibles sur MyCanal – de et avec Baptiste Lecaplain, acteur de stand-up et de cinéma, on préfère citer son… pitch, ainsi présenté sur MyCanal : « Lionel Planche, jeune producteur de films hyperactif et tyrannique, n’a qu’une idée en tête : produire ENFIN son premier long-métrage. Epaulé par Chantal, son assistante dévouée, un brin fayote mais toujours de bonne volonté, Lionel va tout faire pour se faire une place dans le milieu du cinéma. Sans ligne de conduite ni déontologie, Lionel ne respecte rien ni personne. Il est persuadé d’avoir une longueur d’avance sur la concurrence grâce à son esprit visionnaire, mais ses idées et ses fulgurances s’apparentent le plus souvent à un délire égomaniaque. »
Ainsi dit, cela pourrait laisser penser qu’il s’y trouve assez de sel, de poivre et de vinaigre pour composer une salade aigre-douce. Malheureusement, l’inanité du propos, le recours à l’humour « c’est pas drôle mais c’est drôle quand même car c’est sur Canal », promu naguère par la chaîne cryptée avec les terrifiants Robins des Bois puis leurs descendants à l’humour passablement frelaté, font de la « shortcom » Pitch l’une des choses les plus sidéralement stupides qu’on ait vues. R. Ma.
« Pitch », avec Baptiste Lecaplain, Jeanne Arenes, Nicolas Marié, Lorànt Deutsch (Fr., 2019 15×3 min.). Tous les dimanches à 13 h 30 sur Canal+ (en clair) et sur MyCanal.