Dix mois avec sursis requis contre le producteur Thomas Langmann pour harcèlement
Dix mois avec sursis requis contre le producteur Thomas Langmann pour harcèlement
Par Henri Seckel
Il est accusé par Céline Bosquet, avec qui il est en instance de divorce, de l’avoir inondée de messages depuis leur rupture.
La grande dame brune à gauche a 34 ans, elle fixe le juge et peine à contenir ses sanglots. Le petit monsieur poivre et sel à droite en a 47, il la fixe et peine à contenir sa colère. Ils ont cinq ans de mariage et deux enfants en bas âge. Elle est partie quand elle était enceinte du second, ils sont en instance de divorce. Il l’a inondée de messages depuis la rupture. Elle a porté plainte pour harcèlement. Les voilà devant la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
« Des cas comme ça, on en voit passer tous les jours », soupire le juge. Et ce n’est pas parce que l’homme s’appelle Thomas Langmann et qu’il est l’un des barons du cinéma français – producteur de The Artist – que celui-là dérogera à la règle : les deux futurs ex-époux sont priés de ne pas régler leurs comptes conjugaux à la barre. « Vous n’êtes pas chargé du divorce ni de la garde des enfants, dira le procureur au juge. Vous êtes là pour répondre à une seule question : M. Langmann a-t-il commis des faits de harcèlement sur Mme Bosquet ? » Pour les caractériser, deux conditions : qu’il y ait eu des agissements répétés, et qu’ils aient eu pour conséquence de dégrader les conditions de vie de Céline Bosquet.
« Niçoise à talons compensés »
Sur le premier point : elle évoque 1 500 SMS entre juillet 2017 (son départ) et mars 2018 (sa plainte), dont une sélection est lue à l’assemblée : « Psychopathe », « voleuse d’enfants », « merde humaine », « Niçoise à talons compensés », des dizaines d’autres. Au lendemain de la rupture : « Si tu fais ça c’est la guerre totale », « je démontrerai au juge que tu es une malade ». Son avocate parle « des mots qui infusent et qui détruisent ».
« C’est vrai qu’il y a des propos injurieux, maladroits, que je pourrais regretter, mais tout ça s’inscrit dans un contexte de séparation », se défend le prévenu, qui dit avoir été privé d’explication en tête-à-tête, d’où les nombreux messages. Son avocat a calculé : « 14 % » contiennent une forme de « rudesse », « tout le reste concerne la scolarisation ou le prénom des enfants, les droits de visite, etc. » « L’essentiel, assure Thomas Langmann, ce sont des lettres d’amour et des messages où j’essaie de comprendre comment on peut être enceinte d’un mois et demi et demander le divorce. »
Sur le second point : la plaignante produit un certificat médical mentionnant quarante-cinq jours d’ITT, un total élevé que le juge lui-même avoue avoir « rarement vu ». « Elle est suivie pour troubles anxieux depuis 2013, note l’avocat de la défense. Ses problèmes sont réels, mais sans lien avec les textos. Si l’anxiété préexistait au divorce, ça vicie les conséquences que l’on peut tirer de ce certificat médical. »
Pour la partie civile, Céline Bosquet paie sa résistance à un homme qui n’en a pas l’habitude. Pour la défense, la jeune femme « instrumentalise la matière pénale pour nourrir le civil » : obtenir une condamnation ici lui permettra d’obtenir le jackpot lors du divorce, elle qui perçoit déjà 11 500 euros de pension alimentaire tous les mois. Le procureur a requis dix mois avec sursis. Décision le 17 avril.