Une profession qui croît et est plus encline à étudier et à travailler à l’étranger; une répartition entre hommes et femmes qui progresse au bénéfice de ces dernières – sauf s’agissant des rémunérations : le Conseil des architectes d’Europe (CAE) vient de publier les résultats de la 6e édition de son étude de secteur couvrant la période 2017-2018. A partir des réponses de 30 000 architectes issus de 30 pays, cette enquête bisannuelle, expliquent ses promoteurs, « recueille et analyse des données statistiques, sociologiques et économiques sur les architectes, le marché de l’architecture et l’exercice de l’architecture en Europe. »

L’Europe compte, Royaume-Uni compris, quelque 562 000 architectes. Entre 2008 et 2018, leur nombre a augmenté de 24 %. Cinq nations dominent ce classement : l’Italie (160 000), l’Allemagne (111 000), l’Espagne (56 000), le Royaume-Uni (41 000) et la France (30 000). Cet indicateur doit être abordé de façon prudente.

Si l’on considère l’importance de la profession à l’échelle de chaque population, la donne change. Loin du tandem de tête que constituent l’Italie et la Portugal avec, respectivement 2,6 et 2,2 architectes pour 1000 habitants, la France, avec un score de 0,4 architecte pour 1000 habitants, fait jeu égal au fond du tableau avec la Hongrie, la Lettonie et la Pologne ; seules la Bulgarie et la Slovaquie connaissent un niveau inférieur avec un taux de 0,3 architecte pour 1000 habitants.

Ce point illustre le manque de poids structurel de ces professionnels dans l’Hexagone qui, avec plus de 66 millions d’habitants se classe juste derrière l’Allemagne et ses près de 83 millions d’habitants. Il peut aussi expliquer une donnée de l’enquête : devant l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suisse, la France, qui est aussi une des destinations favorites pour étudier, figure en tête des pays où les architectes sont venus travailler en dehors de leur propre pays lors des douze derniers mois. Une situation souvent mise en exergue par le Conseil national de l’ordre des architectes qui aimerait bien que la réciproque fût plus souvent vraie.

Du jamais vu

En dehors de cet indicateur qui révèle un apparent déséquilibre des modalités d’exercice de la profession en Europe, la question de la féminisation de la profession d’architecte est le grand enseignement de l’étude. Le CAE vient d’ailleurs de créer un groupe de réfexion sur ce sujet.

Certes « les gains moyens des hommes et des femmes travaillant à temps plein ont toujours suivi une tendance très similaire, indique l’étude, l’écart se situant entre 25 et 32 % en faveur des hommes. » Toutefois, cet écart se réduit pour les revenus à temps partiel (11 % en faveur des hommes en 2016 à 2 % en 2018).

Un mouvement inédit s’opère en Croatie et en République tchèque où les revenus moyens des femmes sont légèrement supérieurs à ceux des hommes. Sur l’ensemble des 31 pays concernés par l’étude, et tandis qu’elles deviennent majoritaires dans les groupes d’âges les plus jeunes – entre 30 et 34 ans –, la tendance s’est également inversée à leur profit. Du jamais vu.