Benoit Hamon participe au grand rassemblement contre l'antisémitisme, place de la République à Paris, mardi 19 février. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH POLITICS POUR LE MONDE

La proposition aura fait long feu. Benoît Hamon, qui avait plaidé dans Le Monde pour la mise en place d’une votation citoyenne en vue d’unir la gauche lors des élections européennes du 26 mai, renonce, faute de partenaire. Dans un entretien au Parisien du dimanche 24 février, il annonce qu’il « prendra la tête de la liste de Génération. s »« Je ne comprends pas cet entêtement des partis à vouloir mettre les citoyens hors jeu. Il est temps que le peuple de la gauche et de l’écologie se révolte contre les ego, pour exiger une alternative positive à Macron et Le Pen », cingle l’ancien candidat à la présidentielle de 2017. Une liste de trente noms doit donc être dévoilée mardi lors d’une conférence de presse.

Les hamonistes ne cachent pas leur dépit. Ils disent avoir tout essayé pour convaincre d’éventuels partenaires, notamment avec un sondage récemment commandé à l’IFOP, qui montrait que la « votation » recueillait une forte adhésion chez les sympathisants de gauche (77 %). Peine perdue. « Ils sont tous dans des manœuvres d’appareil, dans des stratégies de survie, persifle-t-on à Génération.s. La France insoumise, les Verts, les communistes Ils ont tous des raisons pour refuser l’union alors qu’ils la proclament. Les vieux appareils sont devenus un frein au redressement de la gauche, Jean-Luc Mélenchon avait raison sur ce point. »

Epouvantail

D’autres initiatives sont, malgré tout, encore en cours. Si le PCF a dit non aussi bien à Benoît Hamon qu’à Place publique, le mouvement lancé par les trois intellectuels de gauche Raphaël Glucksmann, Thomas Porcher et Claire Nouvian, le Parti socialiste, lui, est intéressé. « On devrait accélérer très bientôt avec Place publique », confesse un cadre. Un premier rendez-vous de discussions unitaires devait avoir lieu le 12 février. Il a été repoussé afin que chaque chef de parti puisse consulter son organisation, selon le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et Raphaël Glucksmann.

Cette réunion doit rassembler plusieurs organisations dont Place publique, le PS, et diverses petites structures. « Nous avons tous la volonté d’aboutir à une liste unie. Il faut que nous démarrions la campagne européenne ensemble », rassure le patron des socialistes qui a obtenu le feu vert de son bureau national pour engager un processus d’alliance avec Place publique. Un conseil national est convoqué le 16 mars pour entériner la décision ou lancer une candidature socialiste si le processus échoue. Les amis de Stéphane Le Foll partisans d’une candidature socialiste n’ont donc pas réussi à mettre M. Faure en difficulté, ce dernier ayant été soutenu par Luc Carvounas et Laurent Baumel.

Le binôme PS-Place publique arrivera-t-il à convaincre d’autres partenaires de poids ? Rien n’est moins sûr tant le PS fait figure d’épouvantail à gauche. La France insoumise reste cantonnée à son isolement, malgré une série de mauvais sondages. Selon l’enquête Ipsos Sopra-Steria publiée par Le Monde lundi 25, la liste emmenée par le binôme Manon Aubry et Manuel Bompard recueillerait entre 8 % et 8,5 % des suffrages aux élections européennes suivant les scénarios, juste devant celle estampillée PS (entre 5 % et 5,5 %).

A l’inverse, Yannick Jadot, qui conduit la liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV), progresse dans les intentions de vote. Les écologistes sont mesurés entre 8 % et 8,5 % par l’institut Ipsos Sopra-Steria. Dans d’autres enquêtes, ils frôlent la barre des 10 %. Pas de raison, donc, pour le candidat EELV de changer une stratégie que l’on peut résumer à celle du « ni droite, ni gauche, écologistes ! ». Et qui semble, pour le moment, gagnante.