Le président du FC Nantes, Waldemar Kita, célèbre une victoire de son équipe contre Guingamp, le 27 janvier 2018. / DAMIEN MEYER / AFP

Le projet, aussi coûteux qu’ambitieux, de construire un nouveau stade pour l’équipe de football du FC Nantes, d’ici 2022, est une nouvelle fois entravé. Une enquête préliminaire visant la situation fiscale du président du club Waldemar Kita a été ouverte récemment. Mardi 19 février, des perquisitions ont eu lieu au centre d’entraînement des Canaris, au siège parisien des laboratoires Vivacy, propriété de Kita, ainsi qu’au domicile de l’excentrique homme d’affaires, dont le nom avait été révélé par Le Monde dans les « Panama Papers ».

En raison de ces démêlés judiciaires, la métropole de Nantes se retire du projet et ne vendra pas la parcelle prévue pour la nouvelle enceinte, a-t-elle annoncé lundi 25 février. « Sans préjuger évidemment des suites de cette enquête, il est clair que le projet ne pourra, en tout état de cause, pas se dérouler dans les délais envisagés, ni dans un climat serein, quelles qu’en soient les conclusions », a déclaré la métropole dans un communiqué.

Rétropédalage

Le 9 novembre, la municipalité avait déjà fait marche arrière en annonçant qu’elle ne céderait qu’un terrain de 9 hectares pour le stade uniquement, au lieu des quelque 21 hectares prévus dans le projet YelloPark lancé il y a plus d’un an. Voté en décembre, le projet prévoyait donc la cession par la métropole d’un terrain public pour y construire un nouveau stade.

Mais l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet national financier (PNF) sur des soupçons de fraude fiscale visant Waldemar Kita, propriétaire du FC Nantes et porteur de ce projet controversé, « rend impossible la cession d’un terrain public à son profit », a ajouté la métropole.

« Johanna Rolland, maire de Nantes, présidente de Nantes métropole, a décidé d’y mettre un terme », précise le communiqué.

Le projet de futur stade devait s’établir à proximité immédiate de celui de la Beaujoire, qui bénéficiera des « travaux d’entretien et d’amélioration tels qu’ils étaient initialement prévus », a précisé Nantes Métropole.

« Panama papers » : Waldemar Kita, propriétaire du FC Nantes et d’une société aux îles Vierges britanniques

Waldemar Kita, président du FC Nantes, au stade la Beaujoire, le 3 avril. / JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Au téléphone, Waldemar Kita s’agace. Si son nom apparaît dans les « Panama papers », c’est une homonymie malencontreuse. « Des Kita, j’en ai trouvé plein, assure-t-il. C’est un nom très connu en Asie, où il y a des Waldemar Kita, mais ils sont noirs, ils ne sont pas blancs. » Joint par Le Monde, le président du club de football du FC Nantes est catégorique : il n’est pas l’actionnaire de la société offshore Dylan Limited, domiciliée aux îles Vierges britanniques.

Pourtant, dans l’immense base de données du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca (MF), un élément affaiblit sa thèse. Le « Waldemar Kita » actionnaire de Dylan Limited, créée le 31 août 2007, est indiqué comme possédant une résidence à Uccle, en banlieue de Bruxelles. « Ce n’est pas mon adresse. Ce n’est pas moi, voilà merci », coupe l’homme d’affaires franco-polonais, âgé de 62 ans.

La holding détenant le FC Nantes y est domiciliée

Par le passé, celui qui a racheté le FC Nantes en août 2007, après avoir été président du FC Lausanne Sports entre 1998 et 2001 – le club suisse a fait faillite en 2003 –, n’a jamais démenti les nombreux articles de presse mentionnant sa résidence à Uccle. La commune huppée regorge de millionnaires ou milliardaires, à l’image du patron de LVMH, Bernard Arnault. Flava Groupe, la holding de Waldemar Kita qui détient le FC Nantes, y est d’ailleurs domiciliée. Mais au court de la brève conversation téléphonique avec le patron des « Canaris », il n’en dira pas plus et maintient sa version. Selon les documents que nous avons pu consulter, la société Dylan Limited possède un yacht.

Un bateau sous pavillon de complaisance, voilà un luxe que tous les « Waldemar Kita » ne peuvent sans doute pas s’offrir. Elu par le magazine France Football « dirigeant de club de l’année 2014 », M. Kita a fait fortune en fondant le groupe Corneal Laboratoires, spécialisé dans l’ophtalmologie et les produits antirides. Fin 2006, il a revendu Corneal, dont il détenait 75 % du capital, au géant californien Allergan, pour 170 millions d’euros. Outre ses activités dans le football, il a investi dans le laboratoire Vivacy, à Archamps (Haute-Savoie), une commune frontalière avec la Suisse.