« Nous ne pouvons pas être dans une démocratie de l’émeute », a estimé le chef de l’Etat / LUDOVIC MARIN / AFP

« Il faut maintenant dire que lorsqu’on va dans des manifestations violentes, on est complice du pire », a déclaré mardi 26 février Emmanuel Macron, appelant à la « clarté » sur les manifestations qui dégénèrent dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes ». 

« C’est un miracle qu’après autant de samedis avec cette violence, il n’y ait eu aucun mort à déplorer de la part des forces de l’ordre », a souligné le président lors d’un débat avec les élus du Grand Est à l’Elysée. Il répondait à des propos du président de la région, Jean Rottner (Les Républicains), qui a appelé l’Etat à faire « preuve d’autorité » après 15 samedis de manifestations des « gilets jaunes ».

Le 3 décembre 2018, à Marseille, une femme de 80 ans a trouvé la mort au cours d’une opération chirurgicale après avoir été blessée la veille au visage par des éléments d’une grenade lacrymogène, qui l’avaient heurtée alors qu’elle fermait les volets de son appartement. Mais selon le parquet, le « choc facial » subi du fait du projectile tiré par les forces de l’ordre n’avait pas été à l’origine du décès de cette personne.

Pas d’interdiction de manifester

« Nous ne pouvons, de manière raisonnable, pas interdire les manifestations », a déclaré Emmanuel Macron, en invoquant la Constitution. « Par contre, il faut un message clair de tout le monde » pour dénoncer la violence, a-t-il ajouté, en déplorant qu’« il n’y ait pas toujours eu cette clarté » :

« A côté de ça, la vitalité, la force, le caractère incontestable de la demande légitime de millions de Français qui ont pu participer ou être sympathisants de ce mouvement est pleinement reconnu. Je l’ai reconnu moi-même le 10 décembre et il est reconnu par l’implication qui est la nôtre. Jamais l’Etat ne s’est autant collectivement mobilisé face à un mouvement de ce type », a-t-il ajouté. « Je crois qu’aujourd’hui, la place doit être au débat, à la réponse démocratique, et elle sera ensuite dans les urnes. Mais nous ne pouvons pas être dans une démocratie de l’émeute ».

Les « gilets jaunes » ont mobilisé samedi davantage que la semaine précédente, avec près de 47 000 manifestants en France, dont 5 800 à Paris, pour leur acte 15, d’après des chiffres du ministère de l’Intérieur.

« Plutôt favorable » à une baisse de la fiscalité

Emmanuel Macron s’est par ailleurs déclaré « plutôt favorable » à faire de la baisse de la fiscalité « une priorité » dans le cadre de la sortie du grand débat. « J’ai pris dans la campagne de 2017 des engagements de réduire le niveau de fiscalité ; ça fera partie des grands choix macroéconomiques de cette sortie de débat », a précisé le président.

« Est-ce qu’il faut aller plus vite ? Est-ce qu’il faut plus rapidement baisser la fiscalité, quitte à accepter une certaine baisse de dépenses supplémentaire, des ajustements ? Est-ce que la baisse de la fiscalité devient une priorité et avec elle sa simplification ? Moi, je suis très ouvert à cela, plutôt favorable à aller en ce sens », a-t-il ajouté. « En même temps, quand on entend nos concitoyens, ils sont très attachés aux solidarités financées par l’impôt dans notre pays », a souligné le chef de l’Etat.

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